"Le dimanche 22 septembre 2019 à 4h37, Manuel Borelli, ancien pilote de chasse et de la Patrouille de France, désormais pilote sur canadair, décolle de l’aéroport de la sécurité civile de Nîmes-Garons à bord d’un avion bombardier Tracker S-2FT d’une capacité de 3 400 litres. En deux minutes, il a rempli les deux réservoirs de l’avion de 500 litres à l’aide de deux tuyaux reliés à la station de pompage préparée préalablement. Il a inspecté l’appareil, vérifié les portes à eau, contrôlé les déflecteurs puis a embarqué à bord de l’aéronef. Ce type de bombardier transporte non pas de l’eau, mais du retardant, un concentré liquide, mélange de phosphate d'ammonium, d'argile et d'oxyde de fer qui, mélangé à quatre cinquièmes d’eau, entrave la décomposition de la cellulose au cœur des végétaux et par conséquent, augmente la température de combustion lors d’un feu de forêt.
En canadair, il y a deux règles, on ne vole pas la nuit et on ne survole pas la ville. Deux règles qu’il enfreint délibérément, mais aujourd’hui tout est différent, car à partir d’aujourd’hui, rien ne sera plus comme avant, se dit-il. En cette première nuit d’automne du sud de la France, le soleil n’est pas encore levé, il est déjà à six mille mètres d’altitude et il s’agit vraisemblablement de son dernier vol. Un front froid légèrement ondulant donne huit mille mètres de plafond et un vent du nord-ouest d’une quinzaine de nœuds : les conditions météorologiques sont bonnes et conformes à ce qui était annoncé. Il se stabilise à huit mille mètres, met le cap au nord, direction Paris, l’avenue des Champs-Elysées et la place de l’Etoile où se trouve l’Arc de Triomphe. A 2 500 tours, sa vitesse indiquée est de 260 km/h. C’est un vol non-autorisé..."
*
"On September 22, 2019, at 4:37 in the morning, Manuel Borelli, a former fighter pilot and a former member of the Patrouille de France (the acrobatics unit from the French Air Force), who became a fire-fighting plane pilot, took off from the Nîmes-Garons national security airport, aboard a Tracker S-2FT bomber with a 3 400-litre tank capacity. Within two minutes, he had filled the plane's tanks with 500 litres, using two pipes connected to the pumping station. He inspected the plane, checked the water drop doors and the deflectors, then boarded the aircraft. This type of bomber does not cary water but fire-retardant. When incorporated with four fifths of water, this liquid concentrate, a mixture of ammonium phosphate, clay and iron oxide, hinders the disintegration of cellulose within vegetables and therefore increases the ignition temperature during a forest fire.
There are two rules when flying a fire-fighting plane : you don't fly at night, and you don't fly over cities. Two rules which Manuel deliberately breaks this day, but everything is now different, because from now on, nothing will ever be the same, he thinks within himself. On this year's first autumn night on the south side of France, the sun has not come up yet and he has already reached an altitude of 20 000 feet, for what looks like his very last flight. An undulating and slightly cold front provides a 25 000-foot ceiling, as well as a 15-knot northwest wind : as predicted, the weather is favourable. He stabilises his aircraft at 25 000 feet, heads north towards Paris, the Avenue des Champs-Elysées and the Place de l'Étoile where the Arc de Triomphe lies. At 2 500 RPM, his indicated airspeed is 160 MPH. This is an unauthorised flight..."
© Guillaume Bellanger