
"The Castle of Mehun-sur-Yèvre is a gift from the devil"
Château de Mehun-sur-Yèvre, Mehun-sur-Yèvre
Aujourd’hui en ruine, le Château de Mehun-sur-Yèvre fut pourtant, au Moyen Âge, l’une des plus grandes merveilles architecturales du royaume de France. Construit par le duc de Berry avec son maître d’œuvre Guy de Dammartin, ce château de plaisance d’inspiration gothique incarnait avec un faste inouï — la plus belle des merveilles du monde, offerte par le démon. Que lui est-il donc arrivé ?
Le roi Charles VII y rendit son dernier souffle le 22 juillet 1461. Puis, peu à peu, le château sombra dans l’oubli. Un premier incendie au XVIème siècle, puis un autre, et vint la Révolution. Destruction, pillages… Le monument devint une carrière de pierres. Le Christ s’est-il prosterné devant le Diable ? A Mehun-sur-Yèvre, on raconte qu’il y a des siècles, c’est le diable en personne qui mit le feu au Château-de-Mehun-sur-Yèvre.

Galerie rêvée de peintures sur la Rome moderne
Giovanni Paolo Panini, 1757

Vue imaginaire du Louvre en ruines
Hubert Robert, vers 1796
Encre et lavis sur papier

"The Reconstruction of the Valley of Temples by Hercule"
Vallée des Temples, Agrigente
La Vallée des Temples est une ancienne acropole fondée au Vème siècle avant J.-C. par les peuples Grecs venus de la cité voisine de Géla. Située en Sicile, en bordure de la ville d’Agrigente, elle fut à son origine l’une des plus importantes cités grecques de la Méditerranée et la plus importante des acropoles jamais construites. Chacun de ces temples étaient dédié à une divinité, mais leurs dédicaces se sont peu à peu effacées, emportées par le temps.
Au pied de ces temples, reposent encore d’immenses blocs de pierre, moitiés de colonnes renversées, chapiteaux brisés et fragments de statues qui ornaient autrefois les sanctuaires. Non loin du Temple de Jupiter Olympique auquel elle appartenait, gît une statue monumentale du héros Télamon, étendue sur le sol. Alors je les imagine, descendus de l’Olympe : les divinités grecques et le géant Hercule, arpentant les ruines et rebâtissant leurs temples… ravivant ainsi leur culte oublié.

"The forgotten spring of the Queen's Dairy"
Laiterie de la Reine, Rambouillet
La Laiterie de la Reine fut un présent offert par Louis XVI à Marie-Antoinette. Cachée au cœur de la forêt de Rambouillet, la Reine en découvrit la surprise de manière presque théâtrale, dissimulée sous un épais manteau de feuillage. Ce petit monument d’apparat était destiné à la dégustation de produits laitiers, alors très prisés par l’aristocratie. Salle de dégustation, salle de fraîcheur, vaisselle immaculée… tout y était blanc.
Un décor spectaculaire habite encore les lieux : une grotte artificielle, creusée au pied d’un bassin, imaginée par le peintre et paysagiste Hubert Robert. En son centre trône une sculpture d’Amalthée, nymphe nourricière, tendant la main vers une chèvre qui semble lui offrir son lait. Avant la Révolution, l’eau y ruisselait en cascade, animant cette scène. Aujourd’hui, la source de la Laiterie de la Reine semble endormie…



Visite de la Citadelle de Bitche
Bitche, mai 2025



Visite de la Cathédrale Notre Dame de Strasbourg
Strasbourg, mai 2025
Work in progress - Laiterie de la Reine
Scan 3D

"Le Grand Tour"
Du XVIIIe au XIXe siècle, de nombreux artistes européens entreprirent ce que l’on appelait le Grand Tour, un voyage initiatique à travers l’Europe destiné à nourrir leur regard et éveiller leur imaginaire. Dans la lignée de Piranèse, ces voyageurs-artistes, souvent à cheval ou à pied, arpentaient les routes de France, d’Italie et de Grèce. Ils partaient à la recherche des traces de civilisations disparues, dessinant sur le vif les vestiges antiques et les ruines médiévales.
Ce goût pour les ruines s’accompagna d’un intérêt croissant pour les premières fouilles archéologiques, notamment en Italie et en France, qui suscitèrent un véritable enthousiasme parmi toute une génération d’artistes, de collectionneurs et d’intellectuels.
Peu à peu, le Grand Tour s’imposa comme un rite de passage artistique. Dans un contexte intellectuel nourri par les idéaux des Lumières, ces voyages favorisaient les échanges, la curiosité et l’émancipation personnelle. Les jeunes artistes y trouvaient un moyen d’élargir leur vision du monde et de développer une sensibilité nouvelle à l’histoire.
Le Grand Tour ne consistait pas en un tour complet de l’Europe, mais plutôt en un parcours sélectif à travers ses principaux foyers culturels. L’Italie en était la destination privilégiée — Rome, Florence, Naples, Pompéi —, mais d’autres pays comme la France, les Pays-Bas, l’Allemagne ou la Suisse figuraient aussi sur les itinéraires. Plus rares mais significatives, certaines expéditions menèrent les plus intrépides jusqu’en Grèce, au Proche-Orient, voire en Perse.
La plupart des artistes dessinaient les ruines d’après nature. D’autres, plus idéalistes, en tiraient des représentations réinventées, mêlant réalité et imaginaire. Les techniques variaient : lavis, plume, aquarelle… Cette production, parfois reprise en atelier, donna naissance à de vastes toiles ou à des recueils illustrés. De nombreux livres de voyage virent le jour, fruits de collaborations entre artistes et écrivains.
À travers ces témoignages visuels et littéraires, ces voyageurs ont permis de sensibiliser le public à l’état de ce patrimoine en péril. Leur regard, à la fois savant et sensible, a largement contribué à la valorisation du passé antique et médiéval, jusqu’à initier les premières restaurations de monuments à travers l’Europe. À notre tour, il nous appartient de réinscrire ces monuments dans une perspective contemporaine pour qu’ils perdurent et continuent de nous parler.
© ruines du temple de Zeus à Olympie, 19e siècle, Olympie, Grèce, Europe

Work in progress - Modélisation du héros grec Héraclès - Vallée des Temples
Blender 3D

Statue de la Liberté, New-York
Imaginée et construite à Paris par Auguste Bartholdi, la Statue de la Liberté est l'un des monuments les plus emblématiques des États-Unis. Érigée au large de New-York, elle s’est imposée, au fil du XXème siècle, comme un symbole universel d’espoir, d’accueil et d’émancipation. Après la longue traversée de l’océan Atlantique, elle apparaissait comme une vision presque irréelle : la première image du « Nouveau Monde » pour des millions d’immigrants venus d’Europe.
Intitulée La Liberté éclairant le monde, la statue représente une femme debout, drapée comme une figure antique et brandissant une torche vers le ciel. À ses pieds, ces vers gravés d’Emma Lazarus résonnent encore… Reproduite aux quatre coins du globe, cette figure tutélaire pourrait un jour s’élever à nouveau… sur les terres rouges de Mars. Elle deviendrait alors le premier signal dressé par une humanité en exil.
"Garde, Vieux Monde, tes fastes d'un autre âge", crie-t-elle
Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres,
Le rebut de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte
J'élève ma lumière et j'éclaire la porte d'or !
Emma Lazarus

Construction de la Statue de la Liberté dans les ateliers Gaget-Gauthier, Paris, 1886.
Assemblage grandeur nature avant son envoi à New York.

"The Montsouris's Reservoir is a cathedral of water"
Réservoir de Montsouris, Paris
Le réservoir de Montsouris est un édifice monumental construit entre 1869 et 1874 par l’ingénieur Eugène Belgrand, situé au sud de Paris. Édifié sur un point élevé de la ville, il est l’un des cinq grands réservoirs d’eau de Paris, approvisionnant à lui seul 20 % de la population. Près de 200 000 m³ d'eau y sont stockés dans deux bassins superposés, abrités sous de vastes voûtes, et le tout recouvert par un plateau de trois hectares de pelouse.
Invisible aux regards, interdit d’accès, ce monument souterrain est pourtant l’une des plus grandes cathédrales de l’eau jamais édifiées. Un monde silencieux, caché sous la ville. Sur le champ de 250 mètres qui le recouvre — lui aussi inaccessible —, j’imagine une nouvelle strate au monument : une architecture d’eau, émergeant à la surface, marquant enfin son signal dans le paysage urbain. Le Réservoir de Montsouris est la cathédrale de l’eau.



Visite de la Citadelle de Gravelines
Gravelines, mars 2025



Visite du Blockhaus d'Eperlecques
Eperlecques, mars 2025






Work in progress - Réservoir de Montsouris
Blender 3D

Présentation de mon travail aux Services Culturels du Palais de l'Elysée
Paris, novembre 2024

"Mont Saint-Michel is a starship"
Mont Saint-Michel, Le Mont Saint-Michel
Le Mont Saint-Michel est une cité légendaire bâtie sur un ilot rocheux, au cœur de la baie éponyme, en Normandie. C’est vers 708 que le mont accueillit ses premiers habitants, des familles cherchant refuge face aux raids vikings. Au fil du Moyen-Age, un bourg composé de constructions pittoresques et de ruelles sinueuses prit forme, au sommet duquel on édifia l’Abbaye du Mont Saint-Michel, entouré progressivement de tours, de trois portes monumentales et d’une enceinte fortifiée.
Lieu de prière, de savoir et de contemplation, le Mont Saint-Michel devint pour les chanoines une cité idéale. Des voyageurs venus des quatre coins du monde affluaient pour admirer cette cité fantastique et spirituelle. Mais victime de son immense renommée, le Mont Saint-Michel finit par refermer ses portes, préservant son mystère et son équilibre fragile. Posé sur un disque magnétique et désormais inaccessible, il flotte au-dessus des eaux changeantes de la Manche.

Temples du Sanctuaire - Extrait de la série "Les Chevaliers du Zodiaque"
Dans Les Chevaliers du Zodiaque, les temples du Sanctuaire dessinent une ascension initiatique à travers douze maisons sacrées, chacune gardée par un Chevalier d’Or. Alignés sur une ligne droite, ils correspondent aux douze signes du zodiaque et forment un parcours rituel que les héros doivent franchir, une à une, pour atteindre la déesse Athéna, au sommet.



Visite de l'Arsenal de Graz
Graz, octobre 2024

"Mes Voyages en Italie"
septembre 2025
Prise de vue au Hangar à dirigeable d'Ecausseville
Ecausseville, août 2024

Le Colosse de Rhodes
Gravure de la Renaissance représentant l'une des Sept Merveilles du monde antique

"The sky over the Fort of Vaux is reforming"
Fort de Vaux, Douaumont-Vaux
Le fort de Vaux est un ancien fort militaire situé à quelques kilomètres de Verdun. Construit au XIXᵉ siècle, il fut un haut-lieu de la première guerre mondiale et de la grande bataille de Verdun. En 1916, il abritait une garnison de deux cent cinquante hommes lorsqu’il fut encerclé et pilonné d’obus par une armée allemande largement supérieure en hommes et en artillerie.
Totalement dévasté sous l’acharnement des explosions des obusiers allemands et de la résistance française, cette masse de béton mutilé s’est transformé en un paysage vallonné, sur lequel un paysage verdoyant progressivement repousse… Au-dessus de cette terre en reconstruction, un voile bleu ondulé et parsemé de nappes blanches s’agite calmement. Le ciel du Fort de Vaux se régénère lui aussi.

Vue en coupe de Venise
"Comment Venise est née ?" par Giovanni Distefano
"La naissance de Venise des eaux est due aux hommes intrépides qui, fuyant les envahisseurs barbares, ont abandonné leurs maisons sur la continentale et se réfugie sur les îles éparses du Lagon. Ici, ils ont conçu les fondements de leur liberté et réalisé le miracle de construire une ville sur l'au sein des eaux, utilisant d'abord du bois et des roseaux, puis enrichis par le commerce du sel, édifiant églises et palais aux riches marbres..."

Le château de Mehun-sur-Yèvre
Extrait des Très Riches Heures du duc de Berry, vers 1410
Miniature des frères de Limbourg







Exposition "Giovanni Battista Piranesi, Vues de Rome"
Augustinermuseum, Fribourg-en-Brisgau
"Les célèbres vues romaines de Giovanni Battista Piranesi (1720-1778) présentent un nouveau regard sur les monuments historiques datant de l'Antiquité jusqu'à l'époque baroque, des édifices qui marquent encore actuellement le paysage urbain de Rome : une mise en perspective et une régie de la lumière saisissantes font honneur à la dimension historique de la Ville Eternelle. L'animation quotidienne des rues et des places est rendue à l'avant-plan par des personnages librement esquissés. Les gravures de Piranèse étaient des souvenirs de Rome très appréciés par les voyageurs cultivés lors de leur Grand Tour à travers l'Europe. Elles ont fait l'objet de maintes rééditions jusqu'au XIXème siècle.
L'exposition présente 43 védutes de la série réalisée entre 1746 et 1778, laquelle regroupe un lot de 135 feuilles constitué au fil des décennies. Ces gravures, en partie très anciennes et rares, proviennent du fonds du Cabinet des estampes. La technique de gravure à l'eau-forte, présentées dans un film spécialement conçu à cet effet, contribue essentiellement au langage stylistique de ces estampes.
L'exposition et le catalogue ont été réalisés en étroite collaboration avec l'Institut d'histoire de l'art de l'Albert-Ludwigs-Universität Freiburg."



Visite du Château de Mehun-sur-Yèvre
Mehun-sur-Yèvre, juin 2024
Visite du Château de Murol
Murol, juin 2024



Visite de la Pyramide de Cestius
Rome, juin 2024



Visite de la Tour de Pise
Pise, juin 2024



Visite du Dôme de milan
Milan, juin 2024



Visite des Grottes de Škocjan
Divača, juin 2024
Visite de la Forteresse de Palmanova
Palmanova, juin 2024



Visite du Teatro Olympico
Vicence, juin 2024


Repérages photographiques
Palais des Doges et San Giorgio Majore



Visite du Palais des doges
Venise, juin 2024

"The rock of Saint-Michel d'Aiguilhe has left the earth"
Eglise Saint-Michel d'Aiguilhe, Le Puy-en-Velay
L’Eglise Saint-Michel d’Aiguilhe est bâtie sur un piton rocheux qui culmine à 90 mètres au-dessus de la ville du Puy-en-Velay, dans le Massif Central. Ce rocher fut il y a des millions d’années une cheminée de feu et de lave, jusqu’à ce que la dernière période de glaciation fige ce paysage dans cette forme singulière. Longtemps les hommes crurent que les dieux avaient créé ce paysage de leurs mains.
Au Xème siècle, Truannus, doyen de l'église du Puy-en-Velay, fit le vœu de s’approcher au plus près de ciel. Il fit tailler dans ce rocher, un escalier, au sommet duquel il éleva une chapelle dédiée à l’archange Michel, prince de la milice céleste des anges… Si Truannus a depuis quitté la terre, son rêve flotte toujours au-dessus de la ville. L’Eglise Saint-Michel d’Aiguilhe est pour les habitants du Puy et dans les rêves, la porte du ciel.



Visite de la Bibliothèque Nationale de France - Richelieu
Paris, février 2024
"Partout ces vestiges étaient visibles, en Italie et à travers l’Europe : ponts et routes toujours empruntés mille ans plus tard, voûtes et murs d’anciens thermes ou marchés, colonnes de temples intégrées à des églises, vieilles pierres gravées récupérées pour de nouvelles constructions, statues amputées, vases brisés… Hélas ! la civilisation qui avait laissé ces traces avait été détruite."
Stephen Freenblatt, Quattrocento





Recherches de points de vue au Mont Saint-Michel
Mont Saint-Michel, décembre 2023

"On the mound of Vauquois flows a river of blood"
Butte de Vauquois, Vauquois
Vauquois fut jadis un village de l’Est de la France situé sur une butte culminant à 290 mètres qui offrait un panorama unique sur toute la plaine environnante... C’est ce point stratégique que choisirent d’occuper les armées allemandes en 1914. L’armée française voulut reprendre le village de Vauquois et cette bataille dura 4 ans, chacune des armées prenant position d’un coté du village qui progressivement disparut.
23 kilomètres de galeries souterraines furent creusés sous l’ancien village, dans une guerre des mines où 10.000 hommes périrent sous les explosions continues. La Butte de Vauquois est aujourd’hui un paysage criblé d’énormes cratères. La végétation a repris ses droits sur ce territoire désormais abandonné des hommes, mais il coule au sommet de la butte une eau rouge…
"L'architecture ne disparaît pas : elle se modifie."
Jean Cassou



Visite de la Conciergerie
Paris, novembre 2023

Portait
par Javier Callejas

Prise de vue du Château de la Ferté Vidame avec Javier Callejas
La Ferté Vidame, juillet 2023



Visite du Château de Saint-Germain-en-Laye
Saint-Germain-en-Laye, juillet 2023



Visite du Château de Polignac
Polignac, juin 2023



Visite de l'Eglise Saint-Michel d'Aiguilhe
Le Puy-en-Velay, juin 2023
"L'architecture est un mélange de nostalgie et d'anticipation extrême"
Jean Baudrillard

"Reconstruction of the Circus Maximus in Rome"
Giovanni Battista Piranesi, 1764/1769



Visite du Panthéon de Rome
Rome, avril 2023



Visite des Thermes de Caracala
Rome, avril 2023



Visite du Circus Maximus
Rome, avril 2023



Visite du Mont Palatin & du Forum Romain
Rome, avril 2023



Visite du Colisée
Rome, avril 2023



Visite de la Laiterie de la Reine
Rambouillet, janvier 2023

"Le Réservoir de Montsouris est la Cathédrale de l'eau"
Le Parisien, 4 janvier 2023

"The Newton's Cenotaph is an unbuild monument"
Cénotaphe de Newton, lieu inconnu
Le Cénotaphe de Newton est un monument imaginé par Louis-Etienne Boullée en 1784. Par un projet spectaculaire, l’architecte souhaitait rendre hommage à Isaac Newton, le célèbre scientifique à l’origine de la théorie de la gravitation universelle. Au cœur de cette œuvre monumentale, une sphère de 150 mètres de diamètre devait accueillir une nuit étoilée recréée avec précision. Le visiteur, plongé dans cette immensité cosmique, aurait eu l’illusion d’habiter l’univers lui-même.
Bien qu’il n’ait jamais vu le jour, ce monument utopique continue de résonner dans l’imaginaire des architectes. Dans ma vision contemporaine du Cénotaphe de Newton, j’ai réimaginé cette sphère comme une structure creuse et translucide, fidèle réplique de notre système solaire en miniature. À l’intérieur, étoiles et planètes en trois dimensions reproduiraient, en temps réel, les mouvements de notre Voie lactée. Suspendu à quelques mètres au-dessus de la Terre, ce monument mobile voyagerait à travers le monde, invitant chacun à s’immerger dans l’immensité du cosmos.




"Les Gilets Jaunes triompheront"
Le dimanche 22 septembre 2019 à 4h37, Manuel Borelli, ancien pilote de chasse et de la patrouille de France, désormais pilote sur canadair, décolle de l’aéroport de la sécurité civile de Nîmes-Garons à bord d’un avion bombardier Tracker S-2FT d’une capacité de 3 400 litres. En deux minutes, il a rempli les deux réservoirs de l’avion de 500 litres à l’aide de deux tuyaux reliés à la station de pompage préparée préalablement. Il a inspecté l’appareil, vérifié les portes à eaux, contrôlé les déflecteurs puis a embarqué à bord de l’aéronef. Ce type de bombardier transporte non pas de l’eau, mais du retardant, un concentré liquide, mélange de phosphate d'ammonium, d'argile et d'oxyde de fer, qui mélangé à quatre cinquièmes d’eau, entrave la décomposition de la cellulose au cœur des végétaux et par conséquent, augmente la température de combustion lors d’un feu de forêt. En canadair, il y a deux règles, on ne vole pas la nuit et on ne survole pas la ville. Deux règles qu’aujourd’hui il entrave délibérément, mais aujourd’hui tout est différent, car à partir d’aujourd’hui. Rien ne sera plus comme avant, se dit-il. En cette première nuit d’automne du sud de la France, le soleil n’est pas encore levé, il est déjà à six mille mètres d’altitude et il s’agit vraisemblablement de son dernier vol. Un front froid légèrement ondulant donne huit mille mètres de plafond et un vent du nord-ouest d’une quinzaine de nœuds, les conditions météorologiques sont bonnes et conformes à ce qui était annoncé. Il se stabilise à huit mille mètres, met le cap au nord, direction Paris, l’avenue des Champs-Elysées et la place de l’Etoile où se trouve l’Arc de Triomphe. A 2 500 tours, sa vitesse indiquée est de 260 km/h. C’est un vol non-autorisé.
A 5h28, il passe en orbite au-dessus du Parc naturel du Pilat et suit un couloir aérien droit jusque Paris. La visibilité est supérieure à 10 km, il n’y a pas de nuages en dessous de huit mille mètres et aucun changement significatif n’est prévu au cours des deux prochaines heures. Avec ce vent et ces conditions-là, il sera à destination selon l’horaire prévu avec Roland Darbant, son ami photographe actuellement sur place, et avec lequel il est relié par téléphone, soit aux alentours de 7h15. Il a bloqué les commandes et suit maintenant une vitesse de croisière de 250 km/h. Il a coupé sa radio, le transpondeur, et a disparu des écrans. A la base de Nîmes-Garons, tout le monde pensera bientôt qu’il est parti répéter ses gammes, seul, au-dessus de Marignane, comme chaque matin, mais c’est sur l’Arc de Triomphe qu’il va larguer aujourd’hui, et il ne s’agit aucunement d’un entrainement. Sur bombardier, il totalise 2 300 heures de vol, et bien davantage en avion de chasse et sur monomoteurs, depuis que son père, lui-même, l’a emmené voler avec lui pour la première fois à l’âge de huit ans. A 6h42, il entre aux abords de la région parisienne et aperçoit le parc d’Orly, droit devant lui. Il effectue un léger virage sur sa gauche pour contourner Orly, Paris, et prend un nouveau cap, direction la Défense. Il connait parfaitement les risques encourus s’il va plus loin, mais ces risques, ainsi que sa carrière, tout cela est déjà derrière lui car dans quelques minutes, le monde entier se transformera, se dit-il. Il est 6h49, il aperçoit la Défense. Le ciel est dégagé, la visibilité est bonne et un léger vent d’Ouest lui est favorable. Un rapide calcul, dans dix minutes, il entrera dans Paris par la Porte Maillot, puis ce sera l’avenue de la Grande Armée, l’Arc de Triomphe.
A 7h07, il redescend en pente douce à trois milles mètres et passe au nord des tours de la Défense où il effectue son dernier virage. Il débouche sur l’avenue Charles de Gaulle, continue de descendre et survole la porte Maillot, puis entre dans Paris. Ses deux réservoirs d’une capacité de 3 400 litres, sont remplis de 500 litres de retardant chimiquement modifiée. Au-delà de cette quantité, le largage risquerait d’être fatal à l’Arc de Triomphe, fragiliserait sa structure, voir même entrainerait l'effondrement du monument. Il reprend contact avec Roland Darbant, qui l’informe en temps réel de la situation sur place. La place de l’Etoile a été vidée sur un rayon de deux cents mètres par la vingtaine de bénévoles du mouvement dès 6h30. Deux bagages abandonnés ont été déposés sur les deux quais de la station de métro Charles-de-Gaulle-Etoile peu avant, un coup de fil anonyme a suivi et l’alerte à la bombe a été donnée. Les sorties de métro sont fermées, la Place de l’Etoile est déserte et l’Arc de Triomphe complétement dégagé, on y va. A 7h13, il entame son passage sur l’avenue de la Grande Armée où il a l’Arc de Triomphe en vue et sur lequel il effectue une approche à 120 km/h. Il a établi sa trajectoire et redescend encore doucement jusqu’à cinquante mètres au-dessus des toits de Paris, il ralenti légèrement, descend à 90 km/h, il ouvre un poil à droite et le voilà maintenant parfaitement axé sur l’Arc de Triomphe qui lui fait face et qu’il voit comme jamais plus il ne le verra. Il est à vingt-cinq secondes du largage, à deux-cents mètres du monument, le point de non-retour, un rapide dernier coup d’œil à quatre-vingt-dix mètres du sol et en diagonale, personne en vue, aucune voiture, décision : il largue.
A 7h14, Manuel Borelli ouvre ses volets, il est à trente mètres au-dessus de l’Arc de Triomphe. L’élément clé de cette composition qui forme le retardant et lui donne cette teinte rougeâtre, c’est l’oxyde de fer. Sa couleur permet aux pompiers lors d’un largage sur un feu de forêt, de distinguer les zones protégées de celles sur lesquelles le liquide n’a pas encore été déversée. Mais il n’y a pas d’oxyde de fer dans le liquide qui se déverse sur l’Arc de Triomphe. A la place, une substance chimique colorante, un pigment azoïque CI 11710 qui donne à cette peinture, cette teinte jaune canari. 1,2 secondes, c’est le laps de temps qui s’écoule entre le moment où Manuel Borelli ouvre les volets du bombardier puis les referme. 1,2 secondes, c’est ce même laps de temps qui s’écoule durant lequel 500 litres de peinture jaune sont déversés sur l’Arc de Triomphe et la Place de l’Etoile devant un public de quelques dizaines de personnes, prévenues, mais néanmoins ébahies. D’autres, qui flânaient là de si bon matin dans les rues rayonnantes de la Place de l’Etoile, s’arrêtent. C’est un moment historique. Roland Darbant, lui-même stupéfait par la puissance de cette performance, a à peine le temps de prendre cette photo dont il a longtemps rêvé d’un Arc de Triomphe tout de jaune, que déjà ses amis l’agrippent et l’enlacent. Scènes de liesses, si soudaines, et comme venues de nulle part, les centaines de manifestants cachés dans les cours d’immeuble du huitième arrondissement de Paris et dans les voitures parquées de toutes ses rues voisines, s’en vont vers l’Arc de Triomphe et la Place de l’Etoile, tous revêtus de jaune, blousons jaunes, parkas jaunes, maillots jaunes, gilets jaunes.
A 7h15, il braque au-dessus de l’avenue des Champs-Elysées et attaque un large virage sur sa droite, puis traverse la Seine. Il se remémore cet après-midi de décembre de l’année passée où, camouflé par les milliers de manifestants du mouvement et emporté dans ce rêve collectif de tout un peuple, il a écrit ces mots sur le monument : LES GILETS JAUNES TRIOMPHERONT. Là-haut, il rêve et il se rit à lui-même. JAUNE. L’Arc de Triomphe est jaune et l’histoire de France tout entière est jaune désormais. Le départ des volontaires de 1792, rassemblement de tous les Français qui s’en allèrent défendre leur liberté, tous sont jaunes, jeunes et anciens, morts au combat ou revenus sous les vivats, tous les cœurs de ces hommes sont jaunes. La résistance du peuple français est jaune. Les funérailles du général Marceau sont jaunes. La prise d’Alexandrie, la bataille d’Austerlitz, Jemappes, Valmy, Marengo, toutes les grandes victoires, toutes les grandes batailles, sont toutes colorées de jaune, fières de jaune. Bonaparte, Kellermann, Damas, Hoche, Ney, Lamarque, tous les grands noms, jaunes. Pendant longtemps, on se souviendra que lorsque Napoléon Ier, au lendemain de la bataille d’Austerlitz, déclara aux soldats qu’ils rentreraient dans leurs foyers sous des arcs de triomphe, il les imaginait jaunes. À ses enfants, il racontera que les funérailles grandioses de l’immense Victor Hugo sous l’Arc de Triomphe étaient jaunes. Lorsque le 28 janvier 1921, on inhuma un soldat inconnu, sous les yeux reconnaissants de la nation tout entière, ce soldat quand bien même était-il inconnu, était jaune. Jaune était son sang, comme celui de tous les soldats morts pour la France et jaune est la flamme qui brille sur son tombeau. Il pense à la France et il pense aux hommes. Jaune est maintenant notre drapeau.
A 7h19, il sort de Paris et remonte très, très haut dans le ciel, cap sur Créteil, puis Nîmes. Le ciel est jaune. Les arbres sont jaunes. Son pays est jaune. Il est seul au milieu des jaunes nuages qu’il traverse et qui flottent comme lui dans cette jaune atmosphère. Il est soulagé, là-haut, dans ses rêves, il est protégé. C’était intense, la mission est terminée et s’est bien déroulée. Beaucoup de pensées, d’idées, de projets, de possibles, lui viennent et lui reviennent en esprit. Là-haut, à dix mille mètres d’altitude, il est heureux, à survoler les hommes, à regarder les maisons, les forêts, les lacs et les champs, il rêve, il contemple, il imagine, et ses pensées sont uniformément jaunes. Il pense à sa vie, à ce combat qu’il a rejoint, les épreuves qu’il a traversées, son avenir, tout est là, face à lui, clair et jaune. JAUNE. Pourquoi aime-t-il autant cette couleur ? Parce c’est la couleur de la justice sociale et de l’égalité des hommes. Un monde nouveau émerge en ce moment même, depuis la Place d’Etoile où le peuple jaune défile sous les hourras, et tout ce qui était gris, insignifiant, tout ce que le monde d’avant ne voulait pas voir, le voici désormais tout de jaune. On le voit, celui qui ne mange pas, il est jaune. Plus aucun homme, plus aucune femme, ne dormira dehors, seul dans la rue ou dans les bois, car désormais, tous les êtres sont jaunes, et celui qui n’a pas de toit, dormira chez moi, car ma maison est jaune. Jaune, c’est la couleur du partage et de la solidarité. L’humanité est jaune. Tous les hommes naissent jaunes et jaunes ils demeurent. La charité est jaune, l’amour est jaune, tout ce qui pousse et grandit est jaune, tous les légumes sont jaunes et les fraises sont jaunes. JAUNE. Là-bas, devant lui et à la diagonale, il aperçoit les lignes blanches de la piste d’atterrissage de la base civile aéroportuaire de Nîmes-Garons, la piste de laquelle il est parti il y a six heures. Il allume sa radio, demande l’autorisation d’atterrir et diminue sa vitesse. Non, les lignes sont jaunes se dit-il. Il rêve que cette vieille page, noircie d’égoïsme se tourne enfin et qu’une nouvelle page apparaisse, jaune. Il rêve que l’on instaure un nouveau système de santé, qu’il soit le même pour chacun, et qu’il soit jaune. Il rêve que l’on instaure un nouveau système de rémunération, qu’il soit le même pour chacun, et qu’il soit jaune. Il rêve que l’on instaure un nouveau système de retraite, qu’il soit le même pour chacun, et qu’il soit jaune. JAUNE. Les politiques d’austérités sont désormais révolues. L’or est jaune. De nouveaux moyens seront accordés à la justice, l’éduction, à la police, aux armées, aux hôpitaux, et tout ce qui constitue notre bien commun sera jaune. JAUNE. Il amorce la descente et reprend peu à peu ses esprits. Il réduit la puissance, abaisse les volets, choisit l’angle de descente et abaisse le nez de l’avion. Il est à cinq cents mètres, sur le bord de la piste, il aperçoit des véhicules bleus de polices, ainsi qu’un large groupe d’une vingtaine de gendarmes qui l’attendent. Non, ils sont jaunes, se dit-il. Il continue de réduire sa vitesse, relève lentement le nez, et pose enfin les deux roues principales du Tracker sur le sol. Il réduit encore sa vitesse, se dirige vers un point d’arrêt, quitte la piste et, arrivé à l’entrée de la station-service, il coupe les moteurs. C’est terminé. La réalité. Il est 10h56. Le vol a duré 6h19. Sur le tarmac, des policiers commencent à se diriger vers lui, ils sont armés. Il repose sa tête sur le haut du siège et profite de ce dernier moment de calme. Comme il aime ça, quand il est là-haut, suspendu dans les airs, il est bien, il croit que tout est possible, il a une telle force en lui, il croit que comme ça, à lui seul et d’un geste, il peut changer le monde.
L'Eléphant de la Bastille
"L’on sentait depuis longtemps le besoin d’élever quelque chose – n’importe quoi – sur la place de la Bastille, où l’on aurait bien pu laisser la Bastille qui y était, ce qui serait maintenant un monument fort curieux : l’Empire avait eu l’idée assyrienne et babylonienne d’y mettre un monstrueux éléphant qui aurait lancé de l’eau par la trompe, et dans la tête duquel on eût établi un salon de cent couverts pour noces et festins ; c’était assez joli et passablement Teglam-Phalazar ou Merodacu-Baladan. On bâtit d’abord une immense baraque en planches qui resta là pendant quelques vingt ans, et qui enfin, jetée en bas, lassa voir un honnête quadrupède de plâtre délicatement peint en vert pistache et qui ne lançait aucun fleuve par la trompe.
(…) Il a été remplacé par un énorme poêle de fonte garni de ses tuyaux et pareil à ce que l’on voit dans les anciens cafés surmontés d’une boule de cuivre et d’un pot à feux."
Le Figaro, jeudi 1er septembre 1839



Visite de la Vallée des Temples
Agrigente, octobre 2022



Visite du Château de la Ferté Vidame
la Ferté Vidame, août 2022



Visite de la Butte de Vauquois
Vauquois, juillet 2022

"The Airship Hangar goes around the world"
Hangar à dirigeable, Ecausseville
Le Hangar à dirigeables d’Écausseville fut construit durant la Première Guerre mondiale, sur un site protégé des vents, dans le nord de la Manche. Il portait alors une mission stratégique, accueillir les dirigeables chargés de repérer et de bombarder les sous-marins allemands voguant dans la Manche. La guerre achevée, l’essor fulgurant de l’aviation rendit ces majestueux engins progressivement obsolètes, et l’incendie spectaculaire du Hindenburg en 1937 scella définitivement leur sort.
Longtemps déserté par les armées, le hangar connaît aujourd’hui une seconde vie, portée par une vocation nouvelle : la promotion des ballons écologiques. Sous l’impulsion de l’association Aérosculpture, il ouvre ses portes chaque été et propose au public l’expérience unique des vols en aéroplume à ailes battantes. C’est là, un après-midi d’été, que je me suis élevé dans les airs, porté par le souffle du vent. De là-haut, dominant la foule, un rêve s'est dessiné : un hangar à dirigeables faisant le tour de la terre… Et moi, battant mes ailes avec ferveur, je parcourrai ses merveilles.



Visite de l'Horloge astronomique de Besançon
Besançon, juin 2022



Visite du Château de Chenonceau
Chenonceau, mai 2022



Visite de la Sainte Chapelle
Paris, avril 2022
Shooting au Hangar à dirigeable d'Ecausseville
Photographie de Javier Callejas



Visite du Château de Chantilly
Chantilly, janvier 2022


Etudes 3D - Rhinoceros 3D
Hangar à dirigeable d'Ecausseville



Visite de l'Arc de Triomphe empaqueté par Christo & Jeanne-Claude
Paris, octobre 2021

Cénotaphe de Newton - Nuit intérieure
Monument utopique imaginé par Étienne-Louis Boullée en 1784, en hommage à Isaac Newton

"The Abbaye de Jumièges has been reproduced"
Abbaye de Jumièges, Jumièges
L’Abbaye de Jumièges, fondée par Saint-Philibert au VIIᵉ siècle, est un ancien monastère situé en Normandie, sur la rive gauche de la Seine. Au Moyen Âge, elle était l’un des foyers les plus prestigieux de la renaissance religieuse et culturelle en France. Pillée durant les Guerres de religion, l’Abbaye de Jumièges fut progressivement désertée par ses religieux, avant d’être vendue, puis démolie.
Dallages de terre cuite émaillés, fenêtres ornées d’arcs trilobés, statues, vitraux, autels d’or et d’argent, manuscrits ornés, le tombeau des fils de Clovis et le cœur d’Agnès Sorel : la liste des trésors disparus de l’abbaye est infiniment longue. Mais une légende persiste… On raconte qu’un riche Anglais, sillonnant les boucles de la Seine, fit charger les pierres et des caisses remplies des merveilles de l’abbaye pour la reconstruire à l’identique, quelque part en Angleterre.


Work in progress - Abbaye de Jumièges
Blender 3D

"The imaginary town of the Hôtel de Sully"
Hôtel de Sully, Paris
L’hôtel de Sully est un hôtel particulier, bâti au 17ème siècle et situé dans le quartier du Marais, à Paris. Devenu le siège du Centre des Monuments Nationaux, c’est ici qu’un matin de janvier 2013, son président me remit un livre consacré à cent monuments emblématiques. Et lorsque, le soir venu, j’eus fini de le parcourir, mots et images se s’entrelacèrent dans mon esprit et je rêvai de la ville de Sully…
La ville de Sully n’est composée que d’une voie, la rue Saint-Antoine, parée exclusivement de hauts monuments de pierre, châteaux, nombreuses cathédrales, abbayes, monastères, multiples palais, vestiges romains et monuments antiques. En son centre y figure l’Hôtel de Sully, le centre de tous les monuments, point d’entrée de mon parcours au cœur de cette ville imaginaire que depuis je dessine…
"J'ai parcouru l'Italie depuis Venise jusqu'à Paestum, j'ai visité jusqu'aux dernières bourgades de la Grèce ; pendant un mois j'ai gravi tous les jours les durs sentiers de l'Acropole d'Athènes, j'ai piqué ma tente à Balbeck, j'ai dormi à Ephèse, à Sardes, à Milet ; je me suis promené dans les rues désertes de Rhodes ; j'ai regardé bien des ruines dans bien des pays, mais jamais je n'ai rien vu de comparable à Karnac.
Cela donne idée d'une civilisation terrible, pleine de cruels raffinements et de voluptés sanglantes. Les hommes qui habitaient ces palais, où, malgré soi, on parle à voix basse, devaient avoir cent coudées de haut ; ils marchaient lentement à travers les colonnades, laissant traîner sur les dalles peintes les plis flottants de leurs robes blanches. Leur front casqué d'or ne regardait jamais la terre ; ils étaient muets et ne parlaient que par signes. Sur leurs tables de porphyre, ils mangeaient des oiseaux inconnus et des monstres pêchés pour eux dans les profondeurs des océans indiens ; des concubines plus blanches que du lait, et vêtues comme des déesses, les attendaient sur des coussins de pourpre. Ils allaient précédés par des lions familiers ; à la guerre ils montaient sur des licornes. Ils vivaient pendant mille ans et ne riaient jamais."
Gustave Flaubert, Voyage en Orient

"The statuettes of the Eiffel Tower"
Tour Eiffel, Paris
Dans les boutiques de souvenirs new-yorkaises, on trouve des statuettes miniatures des gratte-ciels les plus emblématiques de la ville. Celle de l’Empire State Building est vendue surmontée d’un grand gorille au pelage brun. Dans notre imaginaire collectif, King Kong est devenu une partie intégrante du patrimoine de ce monument. La fiction réalisée par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack a fini par se fondre dans l’histoire de l’Empire State Building, brouillant la frontière entre le réel et le mythe.
Au fil des décennies, diverses suites du film ont transposé ce récit sur d’autres monuments iconiques. Kong le jeune fut foudroyé au sommet de la Tour de Tokyo, tandis qu’un autre gorille géant fut abattu par des hélicoptères militaires sur la Chicago Temple Building. Dans mon atelier, non loin de la place du Trocadéro, j’ai commencé à fabriquer des statuettes représentant une guenon géante nommée Katie, escaladant la Tour Eiffel… Et si je vous disais qu’en 1937, Katie avait réellement gravi la Dame de Fer ? Me croiriez-vous ?


Work in progress - Tour Eiffel
3ds Max



Visite du Hangar à dirigeable d'Ecausseville
Ecausseville, juillet 2020



Visite du Mont Saint-Michel
Mont Saint-Michel, juillet 2020



Visite du Fort Boyard
Fouras, mai 2020



Recherches aux Archives militaire de Vincennes
"Reconnaissance du Château de Fleckenstein, 3 janvier 1812."
"Le Château tel qu'il était il y a environ 200 ans..."

"The ideal Castle of Fleckenstein"
Château de Fleckenstein, Lembach
Le 2 janvier 1812, le sous-directeur des fortifications, Huart, entreprend une reconnaissance au Château de Fleckenstein. Mission de rendre rapport sur l’état du château et des travaux qu’il y aurait à faire pour y placer des prisonniers de guerre. Gravissant l’imposant rocher escarpé, il se hisse à travers une ouverture et découvre un dédale de pièces taillées dans la roche, communiquant au moyen de corridors obscurs et où vivent des vagabonds réfugiés. Dépité par l’état de délabrement des lieux, il conclut à l’impossibilité d’y installer une prison militaire et met fin à ses recherches.
Dans son rapport, l’officier joint ce dessin de Matthäus Merian, accompagné de cette mention : "Pour donner une idée plus sensible du Château, j’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint la vue de ce fort tel qu’il était il y a environ deux cents ans.". Inspiré par cette gravure et fantasmant l’excursion de cet officier à travers ce château, mon image représente la Ruine idéale de Fleckenstein, un monument perdu entre réalité historique et imaginaire.



Exposition en réalité virtuelle à la Glacière d'Etel
Journées du Patrimoine
Merci à Lectícia Gomes-Souquet

"The yellow vests will prevail"
Arc de Triomphe, Paris
L’Arc de Triomphe est un monument emblématique de la ville de Paris. Chaque année, lors de la fête nationale, les forces armées françaises y défilent sous le regard de la population. Sa construction, ordonnée par Napoléon Ier au lendemain de la bataille d’Austerlitz, est le fruit d’une promesse faite à ses soldats : "Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe". Le monument, orné de sculptures, représente les glorieuses batailles de la Révolution et de l'Empire, ainsi que les noms de tous ses héros défendant la nation.
Le 1er décembre 2018, l’avenue des Champs-Élysées et la place de l’Étoile furent le théâtre d’une manifestation d’ampleur. Le mouvement des Gilets Jaunes, en lutte contre la hausse du prix du carburant, s’appropria cet espace hautement symbolique. Sur la façade principale du monument, ils inscrivirent à la peinture un cri de ralliement retentissant : "Les Gilets Jaunes triompheront". Inspiré par cette journée marquante, j’ai imaginé un geste aussi audacieux que poétique : un Canadair, apparaissant dans le ciel, déversant 500 litres de peinture jaune sur le toit de l’Arc de Triomphe.



Visite de l'Arc de Triomphe
juillet 2019


Work in progress - Château de Fleckenstein
3ds Max + Corona



Visite de l'Abbaye de Jumièges
mai 2019
Incendie de la Cathédrale Notre Dame de Paris
mai 2019

Fort de Vaux, été 1916
Peinture d'André Brauch



Visite du Fort de Vaux
mars 2019

"French VR experiences"
"Les Alignements de Carnac sont un jeu d'enfant" au Forum des Images
Merci à l'Institut Français

"Carte des monuments visités en France"
février 2019





Recherche de points de vues photographiques au Château de Fleckenstein
Château de Fleckenstein, janvier 2019



Visite du Cairn de Barnenez
janvier 2019



Exposition en réalité virtuelle à l'Abbaye de Belval
Merci à Camille Libeyre

Tag "Les Gilets Jaunes triompheront", Arc de Triomphe
Manifestation des Gilets Jaunes - 1er décembre 2018
© Photographie d'Elyxandro Cegarra

"Via Appia"
"La antichità romane", Piranèse, 1756



Visite de la Ligne Maginot
septembre 2018

Représentation idéale du Château de Fleckenstein
© Matthäus Merian, Topographia Germaniae, 1642



Visite du Château de Fleckenstein
Lembach, septembre 2018

"The Saint-Eustache Church is an endless construction"
Eglise Saint-Eustache, Paris
La première pierre de l’Église Saint-Eustache fût posée le 19 aout 1532. Située au cœur de Paris, cette église fût, au cours des siècles, l’objet de différentes grandes phases de travaux, dont aucune n’arriva à son terme… Chaque génération a eu son rêve, cette ambition, de faire de cette église, la plus remarquable de la ville. Tentatives avortées, ce monument est aujourd’hui un assemblage de différents morceaux de constructions à travers les époques, un assemblage de différents styles architecturaux, tantôt un temple antique, tantôt une église gothique.
Mon rêve est un monument de sable. J’ai imaginé cette Eglise Saint-Eustache comme un monument en perpétuelle construction et décomposition. Un monument conçu en système de particules, lequel indéfiniment, dessinerait une nouvelle église. Chacun de ces monuments se construirait sur les ruines mouvantes du précédent et générerait pour chacun, un nouvel idéal, à travers une nouvelle architecture. Un monument sans forme finale, qui se construit et se reconstruit sans cesse, un monument toujours inachevé et chaque jour en devenir.




Work in progress - Eglise Saint-Eustache
3ds Max + Corona


Présentation du film "Les Alignements de Carnac sont un jeu d'enfant" sur le site des Alignements de Carnac
Merci à Jean-Baptiste Goulard
"Les Alignements de Carnac sont un jeu d'enfant"
Film en réalité virtuelle
"Je suis né dans une maison au milieu d’un champ gigantesque peuplé de mille pierres. J’ai ce souvenir lointain, très lointain, presque tiré de mon imaginaire, que je passais mes journées sur ce champ de pierres, à marcher sur un chemin qui n’existait que dans ma tête. Démarrant de notre maison, il serpentait au milieu de ces mille menhirs, se divisait en d’autres chemins, puis d’autres, puis d’autres, et ainsi de suite. Je voyais ce terrain de pierres comme un jardin féerique, comme un jeu des destins, une sorte d’immense jeu de l’oie que j’étais le seul à visualiser et à parcourir. Il n’y avait rien à gagner, rien à perdre, c’était la vie, juste la vie et les choix que je faisais, les choses auxquelles j’aspirais qui dessinaient un chemin entre les pierres. Chaque partie était différente et chaque chemin était tantôt celui-ci, tantôt un autre. J’imaginais que ces pierres parlaient, qu’il suffisait que je fasse un vœu pour qu’elles m’indiquent la voie à suivre en fonction de ce que j’espérais. Si je n’ai malheureusement aucun souvenir de comment se terminaient ces aventures, je crois que cette vie de possibles, de hasards et de rencontres, a été inscrite très tôt en moi. J’ai toujours considéré la vie comme un jeu..."

"Les Alignements de Carnac sont un jeu d'enfant"
Film en réalité virtuelle - Affiche
"Les Alignements de Carnac sont un jeu d'enfant" - Film en réalité virtuelle
Introduction

Portait
par Paul Rousteau




Work in progress - Les Alignements de Carnac sont un jeu d'enfant
Unreal Engine

Synchronisation de la voix off avec le chemin parcouru - Rhino 3D
Work in progress - Alignements de Carnac

"The Château d’If is an afterworld"
Château d'If, Marseille
Le Château d’If, construit par François Ier au large de Marseille, naquit comme un bastion militaire, chargé de protéger l’entrée de la ville. Pourtant, jamais attaqué, il devint rapidement une prison, célèbre pour ses murs impénétrables et ses récits d’évasion impossibles. Dans ses entrailles sombres furent enfermés des galériens, des protestants, et d’innombrables anonymes, dont beaucoup y trouvèrent leur fin.
Les murs du château sont gravés de milliers de mots, de noms et de témoignages laissés par ces âmes oubliées. Le Château d’If est au-delà. Les siècles ont passé et ces hommes, prisonniers pour toujours, sont devenus les murs du château… Leur présence, semblable à des silhouettes mouvantes, hante encore les lieux, faisant du château un sanctuaire d’histoires murmurées. Ils assemblent à présent tous ces mots pour nous conter ce récit collectif.




Reconstitution 3D du site des Alignements de Carnac
Unreal Engine

King Kong au somment de l'Empire State Building
Film réalisé et produit par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, sorti en 1933.
© Underwood Archives



Enregistrement de la voix off aux AK studios avec Nicolas Vaude
Les Alignements de Carnac sont un jeu d'enfant - Work in progress


Scan 3D des menhirs des Alignements de Carnac
Agisoft + Photoshop

Obtention du "Fonds Nouveaux Médias" du CNC
Réalisation d'un film en réalité virtuelle sur les Alignements de Carnac



Visite du Réservoir de Montsouris
Paris, juillet 2016



Visite de l'Eglise Saint-Eustache
Paris, juillet 2016
Conférence à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Bretagne
"Le Pays du refus"
avril 2016



Visite du Château d'If
Marseille, janvier 2016
Habituellement, je visite ces monuments en train, parfois en voiture lorsqu'ils se trouvent dans des lieux très reculés. J'essaie, quand c'est possible, de visiter plusieurs monuments qui m’intéressent dans une même région.
Le Château d'If est construit sur un îlot rocheux au milieu de la mer, au large de Marseille. Pas très pratique d'accès... J'avais mentionné à une amie que je prévoyais du visiteur, et il se trouve qu'elle connaissait un bon ami, capitaine de voilier à la retraite, qui vivait à La Ciotat. Nous sommes donc partis ensemble en voilier depuis La Ciotat pour rejoindre le Château d'If, lors d'un voyage de deux jours en longeant les calanques. Nous sommes arrivés devant le château pendant la nuit, puis nous avons accosté le lendemain matin. J'avais prévenu le Château d'If de notre arrivée en voilier, car je ne pense pas que beaucoup de visiteurs arrivent par ce moyen... Normalement, des navettes sont prévues depuis le port de Marseille.

La grève des événements, Jean Baudrillard

"The autobiographical palace of jacques Cœur"
Palais Jacques Cœur, Bourges
Le Palais de Jacques Cœur, édifié entre 1440 et 1450, est un chef-d’œuvre architectural qui annonce déjà les prémices de la Renaissance. Commandé par Jacques Cœur lui-même, riche marchand et homme de pouvoir, ce palais est bien plus qu’une résidence : il est le reflet de sa vie. Chaque gravure, chaque sculpture, chaque bas-relief, gargouille ou vitrail raconte une histoire, tissant un récit autobiographique entre ses murs.
Ironie du sort, Jacques Cœur ne vécut jamais dans ce palais. Avant même l’achèvement des travaux, il fut arrêté sur ordre du roi. Au bout de trois années d’incarcération, Jacques Cœur s’échappa. On dit qu’il habita Rome, qu’il participa à l’une des dernières croisades, puis qu’il mourut sur l’ile de Chio. Mon projet s’insère dans ce palais autobiographique, truffé d’ornementations-souvenirs. Sur les murs vierges de l’édifice, j’ai sculpté la suite de son palais et de sa vie.

Exposition "Time no longer exists" à Front de Monde
Merci à Marine Baudrillard
"Notre terre m'apparait aujourd'hui comme un monde abandonné, vide et nu. Les croyances sont parties qui la rendaient poétique."
Guy de Maupassant

"Les Voyages de Gulliver" de Jonathan Swift
Gulliver voit l'île volante de Laputa pour la première fois et l'examine à travers son télescope
"Jacques Cœur, à peine le palais fini (il en avait bien d'autres, de châteaux et propriétés), a été dépossédé de ses biens : le roi a mangé son banquier. Prison, torture même, jugement manipulé. Jusqu'à cette évasion, trois ans plus tard, la barque sur le Rhône, et puis les ultimes équipées jusqu'à Rhodes où il meurt.
Et si la magie de son palais dans la vieille ville, cette mémoire de pierre, était justement l'écriture en creux d'une biographie excessive, l'autre côté des mers, le fantasme certain de puissance, mais contrebalancé jusqu'au bout de sa vie par le risque et le goût des autres ? Le palais n'aura jamais servi (ou à bien d'autres choses, mais pas à Jacques Cœur) : pourtant ce qui résonne de ce temps traverse aujourd'hui le nôtre."
François Bon

Moulage de la façade orientale du Palais de Jacques Cœur
Exposition permanente à la Cité de l'Architecture & du Patrimoine

Cool Memories, Jean Baudrillard
« Exigi monumentum are perennius… » : « J'ai achevé un monument plus durable que l’airain, plus haut que les royales pyramides, que ni la pluie qui ronge, ni l’Aquilon ne pourront détruire, ni l’innombrable suite des années, ni la fuite du temps. Je ne mourrai pas tout entier, et une grande part de moi-même évitera la Déesse funèbre »




"Time no longer exists"
"L'effet Beaubourg, la machine Beaubourg, la chose Beaubourg - comment lui donner un nom ? Enigme de cette carcasse de flux et de signes, de réseaux et de circuits - ultime velléité de traduire une structure qui n'a plus de nom, celle des rapports sociaux livrés à la ventilation superficielle (animation, autogestion, information, media), et à une implosion irréversible en profondeur. Monument aux jeux de simulation de masse, le Centre fonctionne comme un incinérateur absorbant toute énergie culturelle et la dévorant - un peu comme le monolithe noir de 2001 : convection insensée de tous les contenus venus s'y matérialiser, s'y absorber et s'y anéantir.
(…) Heureusement, tout ce simulacre de valeurs culturelles est anéanti d’avance par l’architecture extérieure. Car celle-ci, avec ses réseaux de tuyaux et son air de bâtiment d’expo ou de foire universelle, avec sa fragilité (calculée ?) dissuasive de toute mentalité ou monumentalité traditionnelle, proclame ouvertement que notre temps ne sera plus celui de la durée, que notre seule temporalité est celle du cycle accéléré et du recyclage, celle du circuit et du transit des fluides. Notre seule culture au fond est celle des hydrocarbures, celles du raffinage, du cracking, du cassage de molécules culturelles et de leur recombinaison en produits de synthèse. Ceci, Beaubourg-Musée veut le cacher, mais Beaubourg-carcasse le proclame. Et c’est profondément la beauté de la carcasse et l’échec des espaces intérieurs. De toute façon, l’idéologie même de « production culturelle » est antithétique de toute culture, tout comme celle de visibilité et d’espace polyvalent : la culture est un lieu du secret, de la séduction, de l’initiation, d’un échange symbolique restreint et hautement ritualisé. Nul n’y peut rien. Tant pis pour les masses, tant pis pour Beaubourg.
Que fallait il donc mettre dans Beaubourg ?
Rien. Le vide qui eût signifié la disparition de toute culture du sens et du sentiment esthétique. Mais ceci est encore trop romantique et déchirant, ce vide eût valu encore pour un chef d’œuvre d’anticulture.
Peut-être un tournoiement de lumières strobo et gyroscopiques, striant l’espace, dont la foule eut fourni l’élément mouvant de base ?
En fait, Beaubourg illustre bien le fait qu’un ordre de simulacres ne se soutient que de l’alibi de l’ordre antérieur. Ici, une carcasse tout en flux et connexions de surface se donne comme contenu une culture traditionnelle de la profondeur. Un ordre de simulacres antérieurs (celui du sens) fournit la substance vide d’un ordre ultérieur qui, lui, ne connait même plus la distinction du signifiant et du signifié, ni du contenant et du contenu.
La question : « Que fallait il mettre à Beaubourg ? » est donc absurde. Il ne peut pas y être répondu parce que la distinction topique de l’intérieur et de l’extérieur ne devrait plus être posée. C’est là notre vérité, vérité de Moebius – utopie irréalisable sans doute mais à laquelle Beaubourg donne quand même raison, dans la mesure où n’importe lequel de ses contenus est un contresens, et anéanti d’avance par le contenant.
Pourtant – pourtant… s’il devait y avoir quelque chose dans Beaubourg – ce devrait être du labyrinthe, une bibliothèque combinatoire infinie, une redistribution aléatoire des destins par le jeu ou les loteries – bref l’univers de Borges – ou encore les Ruines circulaires : enchainement démultiplié d’individus rêvés les uns par les autres (pas un Disneyland du rêve, un laboratoire de fiction pratique). Une expérimentation de tous les processus différents de la représentation : diffraction, implosion, démultiplication, enchaînements aléatoires – un peu comme à l’Exploratorium de San Fransisco ou dans les romans de Philip Dick –, bref une culture de la simulation et de la fascination, et non toujours celle de la production et du sens : voilà ce qui pourrait être proposé qui ne soit pas une misérable anti culture. Est-ce possible ? Pas ici évidemment. Mais cette culture là se fait ailleurs, partout, nulle part. Dés aujourd’hui, la seule vraie pratique culturelle, celle des masses, la nôtre (plus de différence), est une pratique manipulatoire, aléatoire, labyrinthique de signes, et qui n’a plus de sens."
Jean Baudrillard
Hommage à Jean Baudrillard et à son œuvre "L’Effet Beaubourg", "Time no longer exists" est un court-métrage qui liquide le temps, Beaubourg, les masses et la culture.

Cool Memories, Jean Baudrillard
"Le Trophée des Alpes a fondu"
IMPERATOR CAESAR AUGUSTO | A L'EMPEREUR CESAR AUGUSTE. Trophée de Auguste Caesar. Monument célébrant les campagnes victorieuses de l’Empereur et de ses légions dans les Alpes romaines. "Guidé par un rêve envoyé par Terminus, le dieu des frontières, j’ai traversé la grande chaine montagneuse et convié les peuplades indigènes à se joindre à l’Empire". Auguste Caesar a levé vingt légions et vaincu les peuples barbares, incités à la révolte par leur dieu de la guerre. Jupiter et Neptune ont été favorables à l’Empereur. A l’issue des combats, le héros et architecte du monde a ouvert une route jusqu’en Hispanie et marqué sur la terre la frontière, achevant de construire à ce point un empire. Ceux qui ont été fait prisonniers ont défilé depuis ce rocher jusqu’à Rome, en signe de respect à la force de Auguste et au peuple romain. L’Empereur a pacifié les régions de l’Empire, organisé l’administration des provinces et inventorié tous les peuples. Bati sur le point le plus haut du rocher dominant la mer, le Trophée de Auguste marque la fin de la grande chaine montagneuse et l’entrée de la Gaule narbonnaise, la fin de l’Italie. L’augure a suivi les oiseaux et déclaré cette terre inviolable. Une statue de Auguste a été hissée au sommet du trophée. Orné des vingt-quatre statues des lieutenants de l’Empereur, ce monument affirme, au-delà des frontières, la puissance et la protection de Rome. Un coup de tonnerre a retenti au sein de l’Empire. A la demande du Dieu des dieux Jupiter, Auguste Caesar s’est envolé dans l’Olympe rejoindre tous les héros et les dieux.
EGO SUM LUX MUNDI | JE SUIS LA LUMIERE DU MONDE. Oratoire de Saint-Gerbert. Monument appelant à la prière et christianisé par Gerbert, en revenant de l’Orient. "De Galilée jusqu’en Gaule, j’ai enseigné à tous les hommes, femmes, pauvres et riches, les mots d’amour que Yehoshua a prononcés, trois jours suivant sa mort". Le fils de Dieu est apparu à plusieurs endroits de l’Empire et y a propagé le message de la paix. Les témoins de la résurrection ont diffusé dans tous les villes et villages de l’Empire, l’incroyable prophétie annoncée dans les écrits. Sur la pointe de ce rocher dominant la mer, un grand feu a été allumé. Les hommes ont accouru et au pied de ce monument de pierre, ils se sont agenouillés. L’apparition de cet oratoire est l’œuvre d’un miracle. Saint-Gerbert y a répandu les mots du sauveur, que ses fidèles ont gravés dans la pierre. Pour les enfants de Dieu, la mort n’est que le début de la vie. L’oratoire Saint-Gerbert est la voix du seigneur. Il est nu comme l’était le Christ, dépouillé à l’image du sauveur, il prône la plus noble condition humaine. Ce monument est un lieu de prière, en bordure d’un chemin dessiné par Gerbert, en revenant d’Italie. Le héros a poursuivi sa route pour atteindre Narbonne, où il y a fait naitre l’amour du seigneur. L’oratoire Saint-Gerbert est un lieu de remerciement et d’offrande. Ses fidèles se sont réveillés une nuit, dans une même vision. En suivant le messie dans sa quête, Saint-Gerbert l’a rejoint dans le paradis céleste, accueilli par la douce cohorte des anges. Ceux qui font le bien le suivront.
IN ASA BALTEUS | LA CEINTURE DE ASA. Fort de Rasha. Monument rassemblant les enfants de Asa avant l’ultime affrontement contre les envoyés de Thëlla. "Depuis l’île de Melle jusqu’au dernier rocher de la chaine montagneuse, j’ai suivi le chemin de Asa et retrouvé le terrain où dans deux hivers, le dieu de la guerre et du ciel sera notre gardien". Les prophéties annoncées par le devin se sont une à une accomplies. Le peuple Melle a quitté la cité engloutie sous les flots déchainés, mais le ciel s’est à nouveau déchiré et des ténèbres ont jailli les flèches enflammées des démons de Thëlla. La moitié du peuple Melle a péri sous les eaux ou les flammes du dieu de la destruction. Rasha a parcouru la moitié du monde, en lisant les traits des moutons, lorsqu’à des milliers de lieues de Melle, le héros a retrouvé les armes de Asa, au pied de l’arbre sacré. Le fort de Rasha a été construit à l’emplacement désigné par le dieu de la guerre, suivant le tracé de l’ultime rocher des montagnes, dernière défense contre les cavaliers de Thëlla. La tour à l’effigie de Asa, Dieu de la guerre et du ciel, a été achevée. Ce monument est le lieu où sera la dernière rencontre guerrière, reliant la terre et ses hommes au ciel et ses dieux. Une femme aux cheveux d’or a libéré le roi de Melle de sa vie de mortel. Paré de l’épée de Asa, Rasha a rejoint son père dans le ciel étoilé et vaincu le dieu de la destruction. Vingt-et-un enfants de ce même sang repeupleront le monde. Les armes de leur père ont été hissées au sommet de la tour.
'AMIR ALBAHR ALMAJID | Ô GLORIEUX PRINCE DE LA MER. Citadelle de Isma’il Al-Hasan. Monument contrôlant les accès de l’Empire omeyyade et protégeant la cité d’'Uhadi de toute intrusion. "Je viens du désert où j’ai appris le chant des oiseaux et m’en allant sur l’autre versant de la mer, j’ai découvert le royaume de la félicité que j’ai paré de tous les délices". Isma’il Al-Hasan a posé, le premier, le pied sur la terre. Le premier jour, il y a découvert une province riche et fertile, mais gangrénée de violences. Le soleil s’est levé et l’archange est descendu du ciel, le mahométan s’est proclamé prince des alpines, car descendant de Dieu. Sans jamais verser le sang, le chef de la cité omeyyade a sauvé ses habitants, en chassant tous les sauvages au-delà des montagnes. La grande chaine montagneuse est une citadelle omeyyade. Tout l’or que le bienfaiteur a trouvé a servi à la construction d’un nouvel éden. Les pierres de l’ancienne citadelle ont servi à l’élévation d’une enceinte, un fossé a été creusé en périphérie, sur le bord de la voie omeyyade. En mer, de nouvelles familles sont venues, d’autres issues de la chaine montagneuse se sont mises sur les pas du prophète, chacune amenant des richesses. Au pied de la citadelle et au milieu des siens, Isma’il Al-Hasan s’est tout à coup endormi. Dans trois cents ans, il verra le soleil au bout du jour, 'Uhadi sera le plus paradisiaque de tous les émirats de la dynastie Omeyyade. La citadelle est un lieu de sépulture. Un tunnel a été creusé sous le monument, il enferme le corps endormi de Isma’il Al-Hasan et un million de pièce d’or.
RESPONDET ORACULI | LA RÉPONSE DE L’ORACLE. Tour d’Apollon. Monument oraculaire bâti par le géant Appolon, après s’être échaudé des amours d’une nymphe. "Je vis dans la création du monde et je parle à travers le clair et l’obscur des nuages". Un dieu de l’Olympe est réapparu. Apollon a livré les desseins du monde aux habitants de la chaine montagneuse, là où il y a très exactement un millier d’années, l’amour lui fit perdre la vue. Le dieu de la divination a pardonné. Au pied de la tour, la fille du fleuve a ressurgi des entrailles de la terre, recouverte d’un voile, est ne cesse de chanter les louanges d’Apollon dans une langue inconnue. La tour est un édifice mystérieux, bâti dans les temps anciens par un être géant. De la fumée ocre a jailli et l’oracle a parlé. Les amours augurées se sont accomplies le jour exact qui fut annoncé. Le vieil homme fébrile, qui craignait pour les siens, est parti soulagé, sept jours après que l’oracle le lui ait indiqué. Patrizio, Igor et Aldo, redoutaient un funeste destin au combat, ils ont rejoint Guillaume et chassé de leurs terres les cavaliers de l'apocalypse qui avaient massacré leurs aïeux. Nos trois héros sont revenus aussi riches et glorieux que l’oracle le leur avait assuré. Ce monument est sacré, d’essence magique, il entend le questionnement de l’âme et il rend ses oracles. Des milliers de fidèles chantent au pied de la tour le retour d’Apollon et un ordre de passage a été décidé. La tour voit l’horizon au-delà des montagnes. Chaque mot de l’oracle est gravé dans la pierre et l’histoire ne peut être changée.
REPUBBRICA DE SAN-GEORGES | RÉPUBLIQUE DE SAINT-GEORGES. Forteresse de Fulco del Castello. Monument fortifié plaçant la région sous la protection de l’Empereur et de Gênes. "Je suis né dans le sang de la piraterie barbaresque, sur une terre à demi-déserte, où j’ai fait naitre et grandir une cité nation". En Ligurie, un miracle s’est produit. Après vingt années, l’enfant du pays est revenu sur ses terres, équipé de quatre vaisseaux génois, chargés de pierres et de bois. Fulco del Castello a marchandé avec le peuple maure, il leur a échangé du sel contre de l’or. Le trésorier de l’Empereur a obtenu en grâce les terres de ce rocher inhabité, sous le patronat de Saint-Georges. Des terrains ont été offerts au peuple le plus pauvre de Gênes, les huttes ont été transformées en riches maisons de bois, trois forteresses équipées de canons ont été bâties en périphérie de la ville. Le ducat en or de Saint-Georges représente le héros au pied de la forteresse, signant le procès-verbal de l’acquisition de la terre. La forteresse de Fulco del Castello est la porte de la république. En face Est de la tour principale, sont inscrits les textes fondateurs de ce nouveau monde. Au cœur de la cité, une guerre civile a éclaté. La forteresse et son socle ont craqué sous les coups du bélier. Dix milles corps ensanglantés ont été jetés à la mer. Devant le corps nu de Fulco del Castello, le peuple s’est tu. Deux coups de canons ont été tirés dans la mer, le premier pour la paix du monde, le second à destination de son créateur, ami du peuple et premier capitaine de la république Saint-Georges.
DONUM ALLBROGUM | LA MAISON DE SAVOIE. Château de Amédée de Savoie. Monument garantissant le Comté de Nice, souveraineté de la Maison royale de Savoie. "À la demande du peuple de Nice, j’ai posé la main sur les terres neuves de Provence et prêté le serment de protéger ses enfants contre les belligérants de la Maison d’Anjou et ses alliés locaux". Le Duc des États de Savoie a entendu les prières de son peuple voisin, menacé de la ruine par les forces armées du Duché d’Anjou en approche. Le héros a écouté son cœur et consulté son Dieu. Accompagné de vingt mille hommes en armes, le Duc de Savoie a traversé la chaine montagneuse pour venir en aide à ce pays ami. Au pied du monument, une statue équestre de bronze représente Amédée de Savoie descendant des montagnes, acclamé par le peuple turbiasque. La Provence jure obéissance à son nouveau gouverneur, le Duc de Savoie. Les sites stratégiques aux abords des frontières ont été inventoriés, des seigneurs en charge de toutes les places fortes ont été nommés. Une paix a été négociée. Devant l’ampleur des forces militaires en Provence, le duché d’Anjou a cédé. Ce monument est un château d’apparat orné des exploits d’Amédée de Savoie, dessinés par Damiano Viglione, artiste de Rome. Sans jamais lever une arme, le héros et pacifique a triomphé de tous ses rivaux. Lucia de Savoie, cousine du héros, la bâtarde, a reçu en mariage la seigneurerie du Château de La Turbie. A son ordre, trois mille messes ont sonné dans toute la Provence, le cœur du pacifique s’est arrêté de vibrer pour son peuple.
EXIGI MONUMENTUM AERE PERENNIUIS | J’AI ACHEVÉ UN MONUMENT PLUS DURABLE QUE L’AIRAIN, PLUS HAUT QUE LES ROYALES PYRAMIDES, QUE NI LA PLUIE QUI RONGE, NI L’AQUILON NE POURRONT DÉTRUIRE, NI L’INNOMBRABLE SUITE DES ANNÉES, NI LA FUITE DU TEMPS. Le Trophée de Auguste est un oratoire à la gloire de Saint-Gerbert, un fort à la gloire de Rasha, une citadelle, un oracle bâti dans les temps anciens par le géant Appolon, une forteresse, le château d’Amédée de Savoie. Cette lecture du Trophée d’Auguste que je vous conte est une Histoire idéale. Construit sous l’Antiquité par l’empereur Auguste, dans le cœur d’un paysage jadis dédié à Hercule, ce monument fut tour à tour un trophée, un fort, un oracle, une citadelle, un château, une forteresse. Tour à tour dévasté, puis abandonné, transformé, détruit, démantelé, restauré, le Trophée d’Auguste fut entre chacun de ses âges, un amas de pierres inconnu. Durant deux mille ans et au fur et à mesure des civilisations et croyances qui se sont ici succédé, les pierres du trophée originel ont ainsi transités et permis l’édification successive d’une série de monuments, chacun d’une forme différente, d’une symbolique différente et d’une fonction différente. Pour chacune de ces phases et dont nous avons perdu le véritable récit, j’ai imaginé son Histoire, un héros et sa dédicace. Si le monument originel, bâti il y a deux mille ans par le peuple romain, a fondu ; les pierres du trophée de Auguste sont quant à elles éternelles.



Visite du Cairn de Petit-Mont
"Pendant la seconde guerre mondiale, les soldats allemands ont transformé un cairn du néolithique vieux de 7.000 ans en un bunker.
Dans 7.000 ans, qu'en feront les hommes ?"
Le Crouesty, mars 2015



Proposition d'installation lumineuse et sonore monumentale sur le site des Alignements de Carnac
En collaboration avec Pierre Schneider & François Wunshel (1024 Architecture)

Cool Memories, Jean Baudrillard



Visite du Palais Jacques Cœur
Bourges, janvier 2015
"Le temps sera venu enfin où, aux yeux des contemporains d’Auguste, le passé le plus lointain de la ville prendra les couleurs de l’utopie."
Alexandre Grandazzi, Les origines de Rome
Etudes 3D sur le Centre Pompidou
Film "Time no longer exists" à venir
"La plus grande gloire d'un bâtiment n'est pas dans ses pierres ni dans son or, mais dans son âge."
John Ruskin



Exposition "Viollet-le-Duc, les visions d'un architecte" à la Cité de l'architecture & du patrimoine
Itinéraire des voyage d'Eugène Viollet-le-Duc en France et en Italie

"The Trophy of Augustus has melted"
Trophée d'Auguste, La Turbie
Le Trophée d’Auguste fut construit durant l’Antiquité, sous l’empereur Auguste, pour commémorer ses campagnes victorieuses dans la région. Ce monument affirmait, au-delà des frontières, la puissance et la protection de Rome, symbole de la victoire et du triomphe. Tour à tour dévasté, puis abandonné, transformé, détruit, démantelé, restauré, le Trophée d’Auguste fut entre chacun de ses âges, un amas de pierres inconnu.
J’ai vu le Trophée d’Auguste se métamorphoser pendant plus de deux mille ans en fonction des civilisations et des croyances qui l’ont habité. Tantôt trophée, fort romain, oracle mystérieux, citadelle, château médiéval, forteresse, ruine romantique, carrière de pierres… Chaque pierre arrachée, déplacée ou réutilisée a contribué à l’édification d’une nouvelle histoire, d’un nouveau symbole. Si la forme originelle du Trophée d’Auguste, conçue il y a deux mille ans, s’est dissoute dans le temps, ses pierres, elles, semblent éternelles.
"En art, nous sommes les premiers à être les héritiers de toute la terre... Les accidents abîment et le Temps transforme, mais c'est nous qui choisissons."
André Malraux
"Bas-reliefs, triglyphes, métopes, morceaux. Extraits déposés au pied des colonnes, cornes croisées, proues de bateau, cuirasses, bucranes où l’on distingue quelques rubans. Une tête seule placée par déduction sur le mur me regarde depuis sa niche, ceinte d’un arc de décharge. Ici, avant, des généraux, un demi-dieu, du solide, Rome. Aujourd’hui tout a fondu. Le parement ne coffre plus la paroi meulière, le socle est aux deux tiers effondré, cru, méconnaissable. Et la statue géante s’est évanouie dans les montagnes ou s’est abimée dans la mer."
Marc Molk



Visite du Cairn de Gavrinis
Larmor-Baden, novembre 2014





Métamorphoses du Trophée des Alpes
Dessins d'archives, entre fictions et réalisme
"Les Alignements de Carnac sont un jeu d'enfant"
Je suis né dans une maison au milieu d’un champ gigantesque peuplé de mille pierres. J’ai ce souvenir lointain, très lointain, presque tiré de mon imaginaire, que je passais mes journées sur ce champ de pierres, à marcher sur un chemin qui n’existait que dans ma tête. Démarrant de notre maison, il serpentait au milieu de ces mille menhirs, se divisait en d’autres chemins, puis d’autres, puis d’autres, et ainsi de suite. Je voyais ce terrain de pierres comme un jardin féerique, comme un jeu des destins, une sorte d’immense jeu de l’oie que j’étais le seul à visualiser et à parcourir. Il n’y avait rien à gagner, rien à perdre, c’était la vie, juste la vie et les choix que je faisais, les choses auxquelles j’aspirais qui dessinaient un chemin entre les pierres. Chaque partie était différente et chaque chemin était tantôt celui-ci, tantôt un autre. J’imaginais que ces pierres parlaient, qu’il suffisait que je fasse un voeu pour qu’elles m’indiquent la voie à suivre en fonction de ce que j’espérais. Si je n’ai malheureusement aucun souvenir de comment se terminaient ces aventures, je crois que cette vie de possibles, de hasards et de rencontres, a été inscrite très tôt en moi. J’ai toujours considéré la vie comme un jeu.
En 1939, la guerre a éclaté et les allemands sont arrivés en Bretagne, puis l’ont occupé. Notre maison a été réquisitionné par des soldats, qui avaient d’importantes recherches à mener sur notre champ. Mon père a été fait prisonnier et est parti dans ce que l’on appelait alors, la Tchécoslovaquie. Il nous écrivait néanmoins souvent. Nous avons abandonné alors notre maison et nous nous sommes installé dans le centre-bourg où ma mère a acheté une petite propriété avec nos économies. J’avais six ans, mon enfance était terminée. Pour gagner des sous, ma mère a pris un emploi de domestique et partait la journée faire des ménages et de la couture dans les maisons pendant que moi et ma soeur allions à pied à l’école. J’ai haï cette période. Et je la hais encore. L’école, ce devrait être interdit. Elle représentait tout ce qu’enfant nous fuyions, l’ordre, la discipline, la désaffection. L’instituteur ne m’aimait pas et je ne l’aimais pas en retour. Il y avait comme du racisme à cette époque et mes parents, ma mère, étaient mal vus. Je n’étais pas un bon élève, je restais au fond de la classe, je regardais la fenêtre par-delà laquelle il n’y avait rien et j’attendais, rêvassant, espérant que quelque chose advienne.
Trouver à manger à cette époque était difficile et je me souviens des soirs à m’endormir la faim au ventre. À la boulangerie du haut de la rue, nous faisions parfois la queue une demi-journée pour une moitié de pain. Les soldats américains sont arrivés en 1944 et progressivement les choses sont revenues à la normale. Ils ont installés leur campement sur un terrain à coté de notre maison. A la sortie de l’école, j’allais voir les soldats le soir dans leur campement. Ils m’accueillaient en me donnant chewing-gums, bonbons et cigarettes. Je mangeais alors mes premiers chewing-gums, je fumais mes premières cigarettes. J’avais onze ans. Mon père a été libéré un an après, par les Russes. Pendant sa captivité, il s’était lié d’amitié avec un marbrier, dont le père recherchait un autre employé, en plus de son fils. Nous sommes partis alors dans une autre région et nous nous sommes installés dans une plus grande maison, avec un jardin. Mon père est devenu marbrier et ma mère a arrêté de travailler pour s’occuper de ma sœur et de moi. La semaine, je continuais à aller à l’école et le week-end, j’aidais mon père au travail.
A l’école, mon instituteur refusait que je passe mon certificat d’études. Il m’en estimait incapable. Mes parents ont été vexés mais mon père, qui était très autoritaire, n’a pas insisté et m’a retiré de l’école. A cette époque, la loi était conçue de telle sorte qu’à 14 ans, soit on allait étudier à l’école, soit on devenait apprenti. Mon instituteur choisi pour moi. Ou peut-être est-ce la vie, comme on dit, qui a choisi pour moi. Parallèlement à son travail, mon père était aussi moniteur de gymnastique. Lors d’une compétition, il a rencontré un entrepreneur qui lui a proposé de m’employer à son atelier comme plombier. J’ai donc commencé à travailler à 14 ans, avec un contrat d’apprentissage de trois ans ; j'assistais les ouvriers sur les chantiers. Je me rappelle que nous circulions en ville avec une voiture à bras que je poussais seul et parfois même dans les côtes. Je rentrais le soir, brisé. Peut-être mes parents étaient-ils heureux, je ne sais pas, moi je ne l’étais pas. J’étais un enfant qui ne se remplissait que de frustration et de colère.
Au terme de ces trois ans, mon contrat d’apprentissage a pris fin et mon patron refusait de me conserver. Je me retrouvais alors là, seul, disponible pour qui voudrait bien de moi, à disposition des aléas et des événements. C’est à cette époque que mon père est devenu champion régional de saut à la perche. Les riches du village se sont alors succédé à notre maison pour le féliciter. C’est ainsi qu’un jour, un riche entrepreneur a proposé à mon père de m’employer comme couvreur zingueur. J’avais dix-sept ans et je travaillais sur les toits. Le métier était dur, dangereux. Des ouvriers tombaient régulièrement du toit pour finir un peu plus loin, au cimetière. On buvait et fumait aussi beaucoup. Je les voyais, les visages de ceux qui avaient fait ça toute leur vie, des visages abîmés, tristes, sans joie. C’était un métier qui ne laissait que peu de place à toute forme d’avenir ou d’espérance. Et puis notre paie était misérable. D'autant qu'à cette époque, j’étais encore mineur, le peu que je gagnais était reversé à mes parents et je n’en touchais qu’une infime partie. Pour gagner plus de sous, je chipais des outils sur les chantiers, que je revendais le soir aux ferrailleurs. Avec mes économies, je m’étais acheté un vélo. Un vélo d’occasion, racheté à l'un des ouvriers du chantier. C’était mon premier vélo, un vélo moderne.
Deux ans plus tard, j’étais convoqué pour le service militaire, obligatoire à cette époque. Je passai des examens d’entrée et j’étais appelé quelques semaines après du côté d'Angers où je restais quatre mois avant d’embarquer pour le Maroc. On me mettait dans le génie. Sans doute était-ce parce que je travaillais auparavant dans le bâtiment. Je travaillais dans les montagnes, je construisais des routes, des kilomètres de routes. On m’avait désigné Caporal. Je n’avais rien demandé, mais comme tous les autres demandaient à ne pas l’être, je me retrouvais à donner les ordres. Nous travaillions sur des chemins qui existaient déjà, mais trop étroits pour le passage des camions, nous les agrandissions. Avec pelles et pioches, c'est ainsi que j’ai traversé le Maroc. Un an plus tard, nous étions appelés en Algérie et je continuais ainsi à dessiner des routes dans tout le pays. De temps à autre, nous croisions des gens qui traversaient eux aussi ce pays par le désert. Parfois, ils
venaient nous voir, nous demandaient des cigarettes, de la nourriture. Parfois, nous prenions des photos ensemble, mais où allaient-ils, que faisaient-ils ? Nous ne parlions pas la même langue et nous en restions là, chacun respectant l’étrangeté de l’autre.
Après trois ans de service, j’ai été libéré. Je suis alors rentré chez moi retrouver ma famille. La guerre ou la vie, ont décidé à nouveau certaines choses pour moi. La fille que j’aimais s’était mariée avec un autre et mon patron était décédé des suites d’une longue maladie. Un jour que je jouais au football, loin de chez moi, un de mes anciens collègues de chantier m’a reconnu. A la mort de notre patron, il était parti à la capitale avec quelques autres. Un entrepreneur les avait débauchés sur un chantier. Ils vivaient là-bas depuis maintenant deux ans et étaient heureux. Il me proposait de les rejoindre et j’acceptais. Muni d’une seule valise, je suis alors parti pour la capitale la semaine suivante. Je vivais dans une pension où mon patron m’installait dès le premier jour et où, très vite, je suis devenu ami avec chacun des habitués. La vie était bien plus chère ici et bien que ma paie était meilleure, je dépensais beaucoup d'argent. Un soir, à la pension, un des gars du bistrot a passé le mot au patron comme quoi il cherchait quelqu’un pour garder son manège le samedi et dimanche. Un tape-cul, qu’on appelait ça. Je dis d’accord et je me retrouvais ainsi chaque week-end, pour compléter ma paie, à surveiller les enfants sur les manèges.
Un jour, j’ai reçu un coup de téléphone. Les parents d’une fille que j’avais aimé, quinze auparavant, m’appelaient. Comment avaient-ils eu mon numéro ? Par mon père, sans doute. Je ne l’ai jamais su et ne l’ai jamais demandé. Leur fille divorçait. Elle était malheureuse. Elle avait rejoint la capitale et logeait dorénavant chez sa soeur. Elle souhaitait me revoir. Je la retrouvai ainsi, un midi, sur la terrasse d’une brasserie de la capitale. Nous nous sommes racontés, comme cela, nos dix années écoulées, parfois lentement, parfois à toute allure. Au bout de quelques heures, j’ai vu qu’elle avait envie d’un baiser et je l’embrassais. Nous repartions alors de zéro, ensemble. L’ami d’un marchand forain dont le père était décédé héritait d’un stand de tir et d’une boutique de confiserie. Il souhaitait conserver le tir, mais vendre la confiserie. Nous lui avons alors racheté la confiserie et nous nous sommes installés dans une boutique non loin d’où nous habitions. Nous travaillions alors en couple et elle s’amusait de cette affaire. Je crois qu’à cette époque, elle voulait d’abord être libre, connaître la vie et ne plus se retrouver enfermée dans un mariage. Nous préparions ensemble des pommes d’amours, des sucres d’orges, des Chupa Chups, des caramels mous et quelques fois même de la nougatine que nous découpions en tranche.
Tenir une boutique était parfois assez encombrant et administrativement, c’était beaucoup de travail. Parfois il y avait du monde, mais parfois personne et nous pouvions passer des journées entières sans toucher un centime. C’est à cette époque qu’un voisin nous a proposé de tenir une baraque à frites au bord d’un étang. Le site était superbe, rempli de touristes et était assurément l’endroit idéal pour vendre confiseries, gaufres et boissons gazeuses à l'orange. Nous nous sommes installés sous les pins, à l’intérieur d’une caravane longue de huit mètres que j’avais entièrement réaménagé. Nous faisions des frites, des casse-croûte, vendions des glaces, un peu de confiseries, des crêpes, gaufres et barbes à papa. Les gens venaient là pour se baigner, ils se posaient au bord de l’eau, passaient devant notre boutique et nous achetaient des frites. Quand il faisait chaud, ils faisaient même la queue sur dix mètres pour une glace et un Coca. C’était parfait quand il faisait beau mais il suffisait qu’il tombe un peu d’eau ou que le ciel passe du bleu au gris pour que les affaires marchent moins bien. Je vivais ainsi, comme une vie de bohème. Nous nous levions le matin au bord de l’eau et nous espérions simplement le soleil.
Je ne sais comment ou par qui il a entendu parler de moi, mais mon premier compagnon forain m’a retrouvé et m’a proposé de reprendre la suite de sa caravane sur les fêtes foraines. Il avait toujours son stand de tir et maintenant, en plus, une caravane à frites. Il était malade et souhaitait vendre ses biens à quelqu’un qui en ferait bon usage. Je lui ai donc racheté son stand de tir et sa caravane à frites que nous avons baptisé : La Confiserie du Voyage. Bien que nous étions très attachés à notre vie nomade, nous avions maintenant quatre caravanes et nous avons alors décidé d’acheter un terrain. Au beau milieu de celui-ci, il y avait une maison en ruine, presque intégralement détruite. Nous avons décidé de ne pas y toucher et de continuer de vivre autour, dans des caravanes. Cette maison deviendrait pour nous le symbole d’un mode de vie qui ne nous correspondait pas et dont nous ne voulions plus. Nous ne voulions pas de maison, pas plus que d’enfants ou de mariage. Nous nous aimions ainsi et aimions ce fait d’être libre de nous quitter ou de disparaître au bout du monde quand la vie en déciderait.
Un jour, un homme est venu me voir à notre domicile. Il disait être le frère d’un célèbre écrivain qui venait de mourir. Il souhaitait savoir si, dans mon registre, je m'occupais aussi des débarras. Je visitais l’appartement en question. L’homme était mort seul à son domicile. Le corps n’avait été découvert qu’un mois plus tard par les voisins, qui suspectaient, depuis quelques temps déjà, une étrange odeur. L’appartement était dans un état de pourrissement avancé. Avec l’odeur des désinfectants des pompiers, on avait du mal à imaginer qu’un homme pouvait habiter ce lieu. Hormis cet état de crasse, l’appartement regorgeait de livres rares et d’objets de valeurs. J’acceptais l’offre et nous avons débarrassé l’appartement la semaine suivante. La chose a fait grand bruit : la presse venait nous interviewer, puis des patrons de maisons d’éditions venaient nous racheter des livres. J’ai rencontré alors un ancien professeur d’histoire qui tenait, presque à lui tout seul, un marché du livre en plein coeur de la ville. Il avait entendu parler de moi dans la presse et me proposait d’y tenir un stand. C’est ainsi et par cet enchaînement d’heureux hasards et de rencontres fortuites, que je suis devenu libraire.
Je continuais à débarrasser maisons et appartements. Le matin, j’étais brocanteur, l’après-midi, j’étais libraire. J’avais mon stand réservé, tout s’y passait pour le mieux et j’acquérais une petite notoriété. Régulièrement, quelques écrivains ou artistes de cinéma venaient m’acheter des livres. Puristes, écrivains en panne d’inspiration, amoureux de leur pays natal, passionnés de chemins de fer ou d’artistes contemporains, ma clientèle était tout aussi diverse qu'enthousiaste. J’avais néanmoins beaucoup de travail et je demandais à une habituée si elle ne connaissait pas quelqu’un, un jeune, qui serait intéressé pour venir m’aider, quelques jours la semaine. Le lendemain, elle me présentait un jeune ami, qui comme moi avait échoué à l’école et n'avait d'autre projet que de se sentir utile. Il avait quelques souvenirs d’école et de littérature et se révélait ainsi très utile pour conseiller les lecteurs. Il a eu l’idée de trier non plus les livres par ordre alphabétique mais par couleur, ce qui amusait les passants et attirait toujours plus de monde. Avec le temps, je me suis pris d’affection pour lui. Il était orphelin et avait eu, comme moi, une enfance dure et malheureuse. Peut-être est-ce dû à la mort de mon père l’année suivante et aux pensées qui en ont découlés, la nostalgie, l’envie de transmettre à son tour quelque chose, nous avons pris cette décision de l’adopter et il est ainsi devenu notre fils.
Je n’avais jamais pensé à la retraite, enfin je ne crois pas, du moins pas que je ne m’en souvienne. Un jour, mon comptable m’a appelé : l’état mettait en place une importante prime de départ pour les petits commerçants et pour la toucher, je devais me mettre en retraite dans l’année. J’avais soixante-six ans, j’étais fatigué depuis quelques années déjà, j’acceptais. J’espérais à cette époque que mon fils reprenne mon commerce mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Comme moi, il décidait de voler de ses propres ailes. Je lisais l’autre jour, dans un livre qui parlait de l’enfance, que c’était finalement le destin de chaque homme ayant eu une enfance malheureuse, que de poursuivre toute sa vie et peut-être malgré lui, comme une sorte de retour à l’état d’enfant. Comme si, malgré l’âge adulte, malgré la liberté, l’autonomie et l’épanouissement, malgré toutes ces choses dont, enfant, on a été privés, il manquait quelque chose. Comme s'il manquait ce morceau de vie que certains disent être le plus beau et qu’il fallait, dès lors et dans la tête, rejouer la partie, recommencer les choses à partir de zéro et faire des choix différents pour que ce morceau de vie, lui aussi, soit différent.
Je lisais ce texte sur l’enfance et je repensais à mes aventures au milieu de ce champs de pierres. J’avais six ans et j’idéalisais la vie comme un jeu d’enfant. C’était avant la guerre. Avant les tickets de rationnement, avant nos voisins fusillés, avant l’école catholique, avant le travail forcé à quatorze ans, avant les voitures à bras, avant la mort de ma mère, avant la guerre d’Algérie, avant mon enfance volée et avant que la vie ne fasse de moi ce que je rêvais d’être enfant : un homme. Je repense à ces chemins imaginaires qui s’offraient à moi et je me disais que finalement, au fur et à mesure des événements, de l’histoire, des rencontres et d’un ordre ou d’un contexte auquel je ne pouvais rien, j’avais néanmoins fait des choix. Des choix qui n’appartenaient qu’à moi, des choix que j’ai été seul à commander et qui ont dirigé ma vie. Je voulais être libre et n’obéir à personne, pour jouir d’une liberté dont, enfant, j’ai été privé. Face à ce contexte, face à la vie qui a parfois décidé pour moi, j’ai fait des choix, dessiné dans l’espace un chemin. Je repense à cette maison, au milieu de ce champ de pierres, de laquelle démarraient mes aventures, car là-bas je suis né et au loin j’ai grandi.
"Chaque flot du temps superpose son alluvion,
Chaque race dépose sa couche sur le monument,
Chaque individu apporte sa pierre"
Victor Hugo

"Standing stones in Carnac are a child's play"
Alignements de Carnac, Carnac
Le site des Alignements de Carnac est un ensemble de 3000 pierres levées d’une hauteur variant de 0,60 à 4 mètres qui s’étale sur plus de 8 kilomètres. On date son implantation à environ 4000 ans avant J-C, pendant la période dite du Néolithique, un temps aujourd’hui disparu où la Lune, plus proche de la Terre, ne se couchait pas. Le sens de ce lieu et la signification de ces pierres nous sont à ce jour inconnus. Le savoir des Hommes qui les ont érigés, inaccessible, car dans ce passé trop lointain et introuvable, nous l’avons oublié.
J’ai vu les Alignements de Carnac comme un entrelacs de destins. J’ai imaginé un chemin de vie entre ces menhirs. Il naît d’une maison, serpente au milieu de ces mille mégalithes, se divise en d’autres chemins, puis d’autres encore, et ainsi de suite. C’est la vie, les choix que l’on fait, les rêves auxquels on aspire, qui dessinent entre les pierres, un chemin de vie, différent pour chacun.
"Pactiser avec la chance n’est pas spéculer sur le hasard, c’est entrer en phase avec le monde, explorer ses séquences et ses enchaînements secrets, se faire initier en quelque sorte. Et chaque coup gagné est le signe du succès de cette initiation.
Cette sensation sublime qui fait l’ivresse du jeu, c’est celle d’une complicité totale entre le jeu aléatoire du monde et le vôtre, d’une réversibilité entre le monde et vous, d’une consonance surnaturelle entre votre option et celle d’un ordre auquel vous ne pouvez rien, mais qui semble vous faire signe et vous obéir sans effort. A ce point, c’est le monde qui prend toute la responsabilité du jeu. Le monde se fait joueur, le joueur se fait monde."
Jean Baudrillard



Visite du Trophée des Alpes
La Turbie, janvier 2014

Cette photographie des Alignements de Carnac date d’environ 1950. À cette époque, bien avant que le site ne devienne un lieu touristique protégé, ce champ de pierres était librement accessible. Il n’y avait ni grillages, ni sentiers balisés, ni routes pour contourner les menhirs, comme c’est le cas aujourd’hui.
Sur l’image, on distingue une multitude de traces dans l’herbe, comme autant de chemins improvisés. Comme si chaque personne, en traversant ce paysage, y avait inventé sa propre trajectoire entre les pierres…
© Henrard, Roger, vers 1950. Reproduction Philippe Berthé / CMN
Carnac, 6000 ans d’interprétations
Les Alignements de Carnac ont traversé 6000 années jusqu’à nous. Siècle après siècle, leur présence a suscité les interprétations les plus diverses. Lieux de culte, observatoires célestes, repères agricoles ou champs d’énergie : ces pierres dressées ont été investies de significations multiples, réelles, supposées ou imaginées. Entre science, mythe et imagination, ce texte rassemble les fonctions réelles, supposées ou rêvées qui leur ont été attribués, révélant autant notre fascination que notre besoin d’en percer le sens.
Les Alignements de Carnac ont un rapport au ciel et à la lune. Les Alignements de Carnac sont un calendrier établi sur un cycle de 11 ans où chaque jour est matérialisé par une pierre.
Les Alignements de Carnac sont un ancien cimetière gaulois où à chaque mort qu'il y avait on y mettait une pierre, un riche une grosse, un pauvre une petite.
Les Alignements de Carnac sont une centrale d’énergie du champ magnétique terrestre.
Les Alignements de Carnac sont l’origine de la démocratie.
Les Alignements de Carnac sont un repère pour se situer dans le temps et dans l’espace. Les Alignements de Carnac sont une carte des constellations qui permet de calculer à certaines périodes de l’année la position des astres.
Les Alignements de Carnac sont une invitation à parcourir un chemin.
Les Alignements de Carnac sont un lieu initiatique, les premières cathédrales, la séparation des eaux et de la terre. Les Alignements de Carnac sont l’Atlantide.
Les Alignements de Carnac sont un ensemble de pierres déplacées par des agriculteurs avec leurs tracteurs.
Les Alignements de Carnac sont un passage.
Les Alignements de Carnac sont une source de chaleur où chaque pierre marque la position du soleil à une heure précise de la journée.
Les Alignements de Carnac ont été aménagés pour honorer les ancêtres.
Les Alignements de Carnac sont un lieu de cérémonie organisé sur la base du sexe. Les Alignements de Carnac sont des portails magnétiques sacrés. Les Alignements de Carnac sont un calendrier pour l’agriculture afin de savoir quand planter les graines et quand lancer les récoltes. Les Alignements de Carnac sont la demeure du peuple féérique.
Les Alignements de Carnac sont disposés selon des phases lunaires précises. Les Alignements de Carnac sont une citadelle des morts.
Les Alignements de Carnac sont des repères visuels qui servaient autrefois aux marins lorsque la mer était plus haute et qu’ils naviguaient près des côtes.
Les Alignements de Carnac sont un temple solaire. Les Alignements de Carnac sont un lieu où coulent les fontaines sacrées que consultent les femmes enceintes et les amants.
Les Alignements de Carnac sont les vestiges du camp dressé par Jules César dans sa conquête du territoire lors de la guerre des Gaules.
Les Alignements de Carnac sont un lieu de cérémonie. Les Alignements de Carnac sont la capitale de la Préhistoire, un lieu de réincarnation, une armée de soldats transformés en pierre.
Les pierres des Alignements de Carnac ne bougent qu’une fois par an, la nuit de Noel, pour s’en aller boire dans les ruisseaux voisins.
Les Alignements de Carnac sont une frontière entre le monde des vivants et le monde des morts, une invention sismographique placée sur une zone sismique, les ruines d’un ancien marché couvert.
Les Alignements de Carnac sont le premier lien de la communauté humaine. Les Alignements de Carnac sont la demeure du peuple des Korrigans, le petit peuple des menhirs qui possédaient une force extraordinaire. Les Alignements de Carnac sont des stèles funéraires désignant des personnages importants. Les Alignements de Carnac sont les témoins de la découverte du fonctionnement de notre galaxie. Les Alignements de Carnac sont des voies sacrées.
Les Alignements de Carnac sont un lieu d’autels druidiques et de sacrifice humains en l’honneur des divinités.
Les Alignements de Carnac sont un message à déchiffrer. Les Alignements de Carnac sont les gardiens d’un trésor reposant à leurs pieds.
Les alignements de Carnac sont une démonstration de puissance pour s’attirer l’attention des dieux.
"Le présent a perdu la présence du passé, mais pour autant le passé n’a pas disparu tout à fait : il subsiste à l’état de souvenir, un souvenir inerte, privé de parole, de substance, de réalité. Le présent a fait du temps un temps vide, suspendu dans une Histoire introuvable, et ce vide remplit tout, se déploie dans tout l’espace possible. Et c’est peut-être parce que le vide s’accomplit que quelque chose peut surgir, comme si le temps évanoui devait laisser place à un autre temps, un temps inédit. Il n’est désormais pas impossible que le présent, qui a pour nom la modernité ait fait son temps. Ou plutôt : qu’il doive coûte que coûte s’immiscer dans son passé reconstruit pour ne pas sombrer à son tour dans l’oubli."
Frédéric Pajak
Bande-annonce du film "La Grotte des rêves perdus" (Werner Herzog, 2010)
Exploration de la Grotte Chauvet et de ses peintures vieilles de 30 000 ans, ce film s’achève sur une question existentielle, posée par Herzog face à des crocodiles albinos :
« Quelque part, à proximité d’un site nucléaire expérimental, vivent aujourd’hui des crocodiles albinos, nés dans les eaux chaudes d’un monde artificiel. Je me demande : lorsqu’ils nous observent, nous les humains, à quoi pensent-ils ? Nous voient-ils comme nous voyons les créatures peintes il y a 30 000 ans sur les murs de la grotte ? »
© Werner Herzog



Visite des Alignements de Carnac
Carnac, août 2013

Proposition de travail sur 5 monuments du Centre des Monuments Nationaux :
- Alignements de Carnac (Carnac, FR)
- Trophée des Alpes (La Turbie, FR)
- Palais Jacques Cœur (Bourges, FR)
- Château d'If (Marseille, FR)
- Horloge astronomique (Besançon, FR)

Présentation de mon travail sur le Centre Pompidou au Centre des Monuments Nationaux
Hôtel de Sully
Paris, janvier 2013

















Rencontre avec Claude parent
"C'est un métier qui a quelque chose de pas beau. Il est trop directement mêlé à l'argent pour qu'il soit pur."






Exposition des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes 2012
Cité de l'Architecture et du Patrimoine
Merci au Ministère de la Culture et de la Communication
One Lab School (Brooklyn, US) – Governors Island Urbaneering
Socio-Ecological Exploration of the next Metropolis. Future City of Governors Island + Red Hook
Nous avons conçu une maquette sur Governors Island, inspirée des idées de Terreform One et Mitchell Joachim. L’objectif : imaginer une île autonome et régénératrice, où nature et architecture fusionnent pour dessiner un paysage résilient.
Nous avons exploré des réseaux vivants d’eau et de végétation, des infrastructures hybrides capables de capter le CO₂, de stocker l’énergie, et de repenser le lien entre l’humain et son environnement urbain. Modules végétalisés, murs filtrants, espaces publics requalifiés, topographie nourricière et symbolique : autant d’éléments pour inventer un territoire vivant, entre utopie et expérimentation.

Lauréat des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes 2012
Prix décerné par le Ministère de la Culture et de la Communication


"Beaubourg Machine"
Centre Pompidou, Paris
Le Centre d’art Georges-Pompidou, communément appelé "Beaubourg", fut construit en 1977 par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers. Véritable manifeste architectural, la façade de Beaubourg incarne l’esthétique de la "machine", matérialisant les idées révolutionnaires d’Archigram des années 1960. Travail sur les réseaux, allusion à l’éphémère, au consommable, au jetable, à la régénération. Allégorie des flux, imaginaire du recyclage.
Reprenant les éléments architecturaux principaux de la façade Beaubourg, je leur ai à mon tour redonné une autre fonction dans la ville, suivant l’esprit originel d’Archigram et de la ville sans fin. Car avant d’être un musée, Beaubourg était un cerveau électronique à partir duquel se développa la Cité Beaubourg, une ville modulaire et infinie, distribuée par une arène de tuyaux aux multiples couleurs…